La chose est assez terrible. Pris en tenaille entre la nécessité d’aider financièrement leurs familles demeurées au pays et une forme de refus d’un travail abrutissant fort mal payé, certains ouvriers chinois de l’usine Foxcomm préfèreraient en finir avec la vie sachant qu’après leur disparition leur employeur verserait à la famille une somme allant de 10 000 à 40 000 euros. Pour évoquer le succès de l’iPhone, de certains appareils Nokia, de la console de jeu Sony ou des ordinateurs Dell on mettait jusqu’ici en avant le design, l’ergonomie, la technologie ou la convivialité, il convient d’y ajouter aussi la déprime et le stress d’ouvriers payés 150 euros par mois pour douze heures de travail par jour, des chaines fonctionnant 24 heures sur 24 avec une pression sans mesure.
Ce malaise généralisé et ces suicides traduisent une situation déplorable qui accouche aussi de grèves sauvages organisées clandestinement. D’ailleurs les experts de la Chine commencent à pronostiquer des tensions et le fait que Honda vienne d’accorder à ses salariés chinois quelques 24% d’augmentation de salaires est, à cet égard, assez significatif.
Bienfaiteur de l’humanité et du peuple chinois, Steve Jobs le charismatique patron d’Apple est bien le seul à nier le calvaire des ouvriers de Foxcomm qui dépriment tout en agençant son foutu iPhone. Jobs, arpentant il y a quelques jours un salon californien a déclaré confus que les ouvriers de Foxcomm disposaient tout de même de restaurants, de cinémas, d’hôpitaux ainsi que de piscines précisant au final, et je cite, que « c’était plutôt chouette » (Libération du 3 juin). L’histoire ne dit pas si emporté par l’émotion, le patron d’Apple était prêt à offrir une morgue toute neuve à ceux de Foxcomm. Il n’empêche que nous pouvons tous nous demander s’il nous est vraiment indispensable d’acquérir un iPhone bien que,…