FMG © 2010
Voilà quatre jours qu’en ouvrant les rideaux de ma chambre, je contemple cette piscine Splendide. Chaque matin, elle est là à me tendre la main. À midi, elle se dore toujours au soleil m’invitant à la rejoindre. Mais jusqu’à présent, j’avais résisté à ses appels. J’ai fini par craquer et j’ai bien fait. C’est très agréable !
Pourquoi ne pas l’avoir approchée plus tôt ? C’est une bonne question et la réponse est simple : parce que je travaillais. C’est d’ailleurs ce que je devrais être en train de faire maintenant, mais voilà il faut parfois un peu souffler.
Je ne l’ai pas vraiment fait depuis que je suis arrivé à Ouagadougou. À part quelques moments en fin de journée, quand la piscine était fermée.
Le travail n’est-il pas parfois un seigneur auquel on se lie dans une position de serf ? On pourrait bien sûr s’en distancer. Mais ce n’est pas toujours évident quand l’activité est intéressante, quand elle permet de découvrir des mondes insoupçonnés, quand elle offre la possibilité de se dépasser et de relever des défis. Tout cela est vrai, mais n’empêche pas de se poser des questions.
Ce n’est pas de l’esclavage, mais sans doute du servage. Ce qui lie le serf à son seigneur, c’est qu’il lui doit fidélité. Cette fidélité, comme tout lien féodal, a une contrepartie : le seigneur lui doit protection. La relation qu’on peut avoir avec son travail est de cet ordre. On y est fidèle, avec toutes les exigences que cela entraîne, mais c’est lui qui nous fournit de quoi subsister, et même de réaliser d’autres projets.
Tout à l’heure, en plongeant enfin dans la piscine, je me suis dit que j’étais bien stupide d’avoir attendu autant de temps pour le faire. Je me suis demandé pourquoi consacrer toute cette énergie au travail. En réalité, n’est-ce pas un donnant-donnant ? J’ai bien fait d’écouter enfin les voix des sirènes, mais j’ai aussi bien fait de donner un peu plus que ce que je devrais au projet sur lequel je travaille ici.