A cette période Moondog, en mars 1971, entame également un travail qu’il va poursuivre de longues années durant : The Creation. Le premier titre auquel Moondog avait pensé pour cette œuvre était Sound Saga. Il considérait ce travail comme le plus ambitieux travail de contrepoint de l’histoire de la musique et disait que la musique pouvait être jouée seule, avec ou sans mots, parlé, chanté sur le texte de l’histoire de la création et en option on pouvait ajouter du visuel, de la danse, de la pantomime, etc… C’était une œuvre très ouverte.
En mai 1998, Moondog explique à un journaliste du magazine Vibrations que ces premiers travaux sur The Creation l’ont amené à écrire une symphonie en un seul mouvement de mille mesures nécessitant quatre chefs d’orchestre pour la diriger. Après quoi il se rendit compte qu’il y avait autre chose que les harmoniques dans sa création. Il y avait un « code » qui était là depuis que le son avait existé et qui provient d’une intelligence surhumaine. Ce code est destiné à toutes les créatures de la créations qui ont suffisamment d’intelligence pour le déchiffrer.
« Il y a 25 ans, je cherchais un thème pour ma création et j’ai choisi les neuf premiers harmoniques comme thème central. J’ai commencé a étudier comment je pourrais développer ça et j’ai écrit une symphonie en un seul mouvement de mille mesures. Il faut quatre chefs d’orchestre pour la diriger ! J’ai travaillé et travaillé jusqu’à ce que je me Il y a des gens qui vivent sur de nombreuses planètes, qui gravitent autour de nombreuses galaxies qui sont capable de déchiffrer ce « code », c’est pourquoi il lui faut être très général, universel. La musique est universelle… »
D’après Stefan Lakatos il s’agit de compositions pour trompettes et cors français qui n’est pas sans rappeler centaines compositions wagnériennes. Moondog réalise avec cet œuvre un travail remarquable sur les overtones (ou partiels en français) qui l’a amené à établir ce qu’il désigne comme étant l’Overtone Tree, un schéma basé sur des concepts liés, selon Moondog, à la vibration des tons et à l’ordre de la nature.
Concrètement, il s’agit d’une série de 9 notes : SOL / RE / SOL / SI / RE / FA / SOL / LA / SI auxquelles Moondog applique un procédé d’accélération duquel résulte des superpositions sonores remarquables.
La suite initiale peut être jouée en même temps mais à l’envers, ce qui n’est pas sans rappeler certaines œuvres de Jean Sébastien Bach (Canon 1 à 2 de l’Offrande musicale). Seulement Moondog estimait aller encore au delà. Au centre du schéma on trouve Janus, une des têtes regarde vers le passé et l’autre vers le future.
On dénombre, parmi les 81 symphonies composées par Moondog, neuf pièces portant le nom de The Creation, numéroté de 1 à 10 sans passé par le nombre 9 qui est pourtant le nombre préféré de Moondog, en lequel il voyait la clé de l’univers. Peut-être est-ce dû à la « malédiction de la neuvième symphonie » ; crainte superstitieuse qu’un compositeur, après Beethoven, mourra après avoir composé sa neuvième symphonie, ou une symphonie portant le numéro 9. Les principaux exemples de cette « malédiction », en plus de Beethoven, sont Franz Schubert, Antonín Dvořák, Anton Bruckner et Gustav Mahler. Avant Chostakovitch au XXe siècle, aucun grand symphoniste ne composera plus de neuf symphonies. D’autant que The Creation X est la 81ème et dernière Symphonie composée par Moondog. Or 8+1 = 9.