La conférence D8 organisée par le Wall Street Journal a ouvert ses portes il y a deux jours avec une longue interview du CEO d’Apple, Steve Jobs, qui d’ailleurs apparu en bonne santé malgré sa maigreur habituelle depuis maintenant plus d’un an et sa greffe du foie.
Je vous propose donc un résumé de cette interview dans laquelle Steve aborde plusieurs points très importants, d’après l’excellent article de nos confrères de MacGénération :
1) Apple vs Microsoft :
Concernant la capitalisation boursière d’Apple dépassant désormais celle de Microsoft : « C’est surréaliste, mais ça ne veut absolument rien dire« . Walt Mossberg l’un des intervieweurs rappela à S.Jobs qu’Apple était au bord de la faillite lorsqu’il revint aux affaires en 96 suite au rachat de NeXT : « C’était épique, on était à 90 jours d’une banqueroute. Je pensais que tous les gens compétents étaient partis, puis j’ai trouvé ces gens étonnants et je leur ai demandé pourquoi ils étaient toujours là. Ils m’ont dit qu’ils croyaient en Apple et en ce que cet endroit représentait. C’est ce qui nous a poussés à travailler plus dur« .
2) La guerre avec Adobe :
Jobs aborda le fait qu’il écrivit il y a quelques temps une lettre ouverte pour défendre la position d’Apple vis à vis du format Flash. Comme les ressources d’Apple sont moindres que celles d’autres entreprises, elle se doit de choisir les technologies qui ont un avenir « Nous essayons de sélectionner celles qui sont dans leur printemps. Et si vous choisissez bien, vous avez des chances de bien réussir« . IPapy rappela que dans le passé des choix similaires ont déjà été fait : l’abandon de la disquette, le port série sur l’iMac au profit de l’USB, le lecteur optique intégré avec le MacBook Air. » Flash a fait son temps et HTML5 est en train d’émerger. La vidéo est de meilleure qualité, ça marche mieux et vous n’avez pas besoin d’un plug-in. Et bien que 75% des vidéos sur le web soient en Flash, beaucoup sont aussi disponibles en HTML5«
Comme pour mettre un point final à cette polémique Steve déclara : « Notre objectif est très simple. Nous avons juste pris une décision technologique. Nous n’allons pas faire un effort pour le [Flash] mettre sur notre plate-forme. Nous avons demandé à Adobe de nous montrer quelque chose de mieux, et ils ne l’ont jamais fait. Ce n’est que lorsque nous avons lancé l’iPad qu’Adobe a commencé à rouspéter. On n’a jamais voulu se battre avec eux, on a juste décidé de ne pas utiliser un de leurs produits. Ils en ont fait toute une histoire, c’est pour ça que j’ai écrit cette lettre. J’ai dit maintenant ça suffit, on en a assez que ces types nous flinguent dans la presse.« .
3) Le SAV d’Apple par mail de Steve Jobs :
Steve Jobs confirma avoir échangé quelques mails, notamment avec un journaliste qui en avait pris pour son grade !
4) L’affaire Gizmodo :
Après un bref résumé par Monsieur Mossberg, voici la déclaration de S. Jobs à ce sujet : « Il y a une enquête en cours. Mais je peux vous dire ce que je sais. Pour fabriquer un produit, vous devez de le tester. Vous devez l’emmener à l’extérieur. Un de nos employés en avait un. Il y a débat pour savoir s’il l’a laissé dans un bar, ou s’il a été volé dans son sac. La personne qui l’a trouvé a essayé de le vendre, ils ont appelé Engadget, ils ont appelé Gizmodo.«
« La personne qui a pris le téléphone l’a branché sur l’ordinateur de son colocataire. Et ce gars essayait de détruire des preuves… et son colocataire a appelé la police. C’est une histoire étonnante – il y a eu vol, il y a eu recel, il y a eu extorsion, je suis sûr qu’il y a aussi eu du sexe [rires] il faudrait en faire un film ! Toute cette affaire est très pittoresque. La justice s’en occupe, et à ma connaissance il y a une personne qui s’assure qu’ils ne s’intéressent qu’aux éléments liés à cette affaire. Je ne sais pas comment tout cela finira. »
5) Google vs Apple :
SJ : « Nous ne nous voyons pas dans une guerre de plateformes … Nous ne nous sommes jamais vus dans une guerre de plateforme avec Microsoft non plus… C’est peut-être pour ça qu’on a perdu d’ailleurs. Mais nous ne nous sommes jamais considérés comme étant dans une bataille de plateformes, nous voulons simplement faire de bons produits.«
Concernant l’entrée d’Apple sur le marché des moteurs de recherche : « On n’est pas intéressés, d’autres le font très bien« . Steve ajouta même qu’il ne comptait pas retirer Google d’iPhone OS.
6) La genèse de l’iPad :
Steve expliqua que l’idée de l’iPad germa dans sa tête avant même celle de l’iPhone. Il imagina un appareil avec un écran en verre sur lequel on pouvait taper comme sur un clavier. Quelques temps après les ingénieurs d’Apple lui firent part de leur avancée sur ce sujet en lui dévoilant le fameux écran tactile multitouch avec le défilement par inertie que nous connaissons aujourd’hui et qui a fait en partie l’incroyable fluidité d’iPhone OS.
C’est suite à cette démonstration, que Steve eu la formidable idée d’adapter cela à un smartphone : l’iPhone et de mettre de côté provisoirement le concept de tablette.
7) Le développement sur iPhone OS :
Jobs rappela que deux choix se présentaient aux développeurs voulant travailler sur iPhone OS : l’HTML5 et l’Appstore. Il rappela aussi que la politique de validation d’Apple concernant ce dernier avait connu quelques erreurs mais que 95% des applications étaient désormais validées en moins d’une semaine. L’Appstore se veut être une plateforme contrôlée par Apple avec ces 3 principales règles : l’application se doit d’être conforme à la présentation qui en est faite, qu’elle n’utilise pas d’API privées et qu’elle soit stable. Quant à l’HTML5, les développeurs y sont libres de faire tout ce qu’ils veulent. Ainsi via ces deux entrées, tout le monde est sensé s’y retrouver.
8 ) Jobs répond à l’assemblé :
Pour finir, iPapy répondit à quelques questions. On apprend donc que certaines limitations d’iPhone OS pourraient bientôt sauter : l’accès au système de fichiers par exemple et que la synchronisation de médias par la technologie de « Cloud Computing » devrait bientôt arriver. Apple y travaille en ce moment.
Pour les anglophones, voici la vidéo de l’interview de Steve Jobs :