Christophe Pillet : le designer des sensations

Avec l’ouverture du Sezz St-Tropez prévue pour juin 2010, Hoosta Magazine se devait de rencontrer son auteur, à l’origine également du Sezz Paris. Christophe Pillet, le designer des sensations, a fait la connaissance il y a dix ans de Shahé Kalaidjian, le propriétaire actuel du Sezz Paris. De cette rencontre naît une amitié qui permet aux deux hommes de « faire quelque chose de nouveau ». Christophe Pillet a presque carte blanche pour réaliser cet hôtel…

Hoosta – En quoi le Sezz Paris est-il novateur ?
Christophe Pillet : Il repose sur deux idées fondatrices, comme le Sezz St-Tropez. Je voyage beaucoup, et lorsque je suis dans un endroit, j’aime être dans un hôtel à l’image de la ville où je me trouve. Les hôtels du type « no man’s land » qui pourraient se trouver n’importe où ne m’intéressent pas. J’aime la dimension locale. Pour le Sezz Paris, j’ai voulu raconter une histoire, faire vivre une expérience, celle du 16e arrondissement, du calme. Paris a une dimension très minérale, car elle est faite de pierres. Je l’ai donc réutilisé dans l’hôtel. Ce qui m’importe, ce sont les émotions plus que la référence en elle-même. La seconde idée est une quête, celle de ne pas inscrire le Sezz Paris sur la liste des hôtels design : ce qui est paradoxal, c’est que lorsque l’on voyage, on recherche des hôtels de charme et pas des hôtels design, ce sont toujours ces bons plans qu’on se donne entre potes. Au Sezz, j’ai voulu montrer qu’on pouvait faire du charme tout en étant contemporain.

Hoosta – Le Sezz St-Tropez, c’est un peu le petit frère du Sezz Paris. En quoi sont-ils différents ?
C.P. : Le Sezz St-Tropez est un hôtel de vacances. Il repose sur les deux mêmes idées fondatrices que le Sezz Paris tout en jouant sur d’autres dimensions. Saint-Tropez, c’est la campagne sur l’eau, la lumière et la pierre, mais pas la même qu’à Paris. Je viens du Sud de la France, je connais donc bien les dimensions locales. Pour l’hôtel, j’ai joué sur le concept dehors-dedans, on ne sait pas très bien où commence l’extérieur et où s’arrête l’intérieur. L’hôtel est très ouvert sur l’extérieur grâce à de grandes baies vitrées. La décoration est dépouillée mais sensuelle, plus rustique mais toujours moderne, grâce à l’utilisation du béton. Les lits sont bas, proches du sol. On se protège du soleil, c’est pour cette raison que les chambres sont orientées au Nord. Mais pour ces deux hôtels, je conserve une démarche liée au personnel et aux sensations, je ne cherche pas à faire du spectacle même si bien sûr, l’endroit doit être beau.

Hoosta – Justement, quel est votre hôtel préféré ?
C.P. : J’aime beaucoup le ryokan Murata Sansou au Sud du Japon. C’est un endroit extraordinaire d’élégance et de simplicité. Un lieu où les choses semblent très naturelles. Prendre un bain en extérieur la nuit, face à la forêt de bambous, c’est juste merveilleux.

Hoosta – Quels sont vos projets pour 2010 ?
C.P. : Deux hôtels au Maroc, l’un sur une colline de Fès, l’autre dans la médina. Il y aura notamment beaucoup d’aménagements intérieur-extérieur. Et bien sûr, l’ouverture du Sezz Saint-Tropez en juin.

Crédit photo: Yves de Contades