Dans la nuit
luit
le pavé
croûte, écaille de vieux saurien
mort et renversé sur le flanc.
Un photographe en a surpris
l'éclat, la lubrification
là où personne
ne va voir
quelque part
fond d'un cul-de-sac.
Dans la ruelle mal famée
ce lieu laissé à l'abandon
ce pan de couenne de désert
il était le seul à briller.
Un photographe
l'a compris
qui a osé s'aventurer
là où l'Homme pose ses pieds
bien moins souvent
que sur la lune.
Un photographe
avec son oeil
son goût du défi
l'a aimé
lui le méprisé lui le craint
lui le gluant
malodorant
nimbé d'un silence glacé.
Un photographe en a capté
comme on prend en flagrant-délit
toutes les bosses fatiguées
rebutantes poissarderies
et les voici
dans un musée
projetant leur clarté
d'obscur !
Ce poème a été écrit au lendemain de la visite, le 1er Juin 2010 ,de la magnifique exposition "Willy Ronis, une poétique de l'engagement" au musée du Jeu de Paume / Monnaie de Paris
Patricia Laranco.