Un propos alarmiste qui corrobore les mises en garde d’autres économistes réputés tel Joseph Stiglitzselon lequel “l’excès de rigueur des gouvernements européens pourrait casser la reprise naissante“. Nouriel Roubini va plus loin . Le new-yorkais craint que les plans d’austérité ne conduisent à une seconde récession et que le patient Grec à peine sorti de la salle de réanimation, ne puisse échapper à une restructuration de sa dette.
L’analyse est largement partagée. Privés de marge d’action sur leur monnaie, les pays de la zone euro ne peuvent faire tourner la planche à billets pour éponger leurs emprunts. Faute de ce levier, ils sont contraints à une politique d’austérité qui se traduit par des hausses d’impôts et des coupes dans les dépenses publiques.
Un cocktail sournois qui pour Nouriel Roubini promet “au mieux une reprise anémique, en forme de U, et au pire une replongée dans la récession“.
Et la Grèce, talon d’Achille de la zone euro ? Nouriel Roubini doute de la capacité de l’Etat Hellène à sauver les meubles. L’économiste juge que le seul «plan B» possible consistera en une restructuration de la dette. Autrement dit un rééchelonnement assorti d’un effacement partiel de la dette, solution jusqu’alors rejetée par la France et l’Allemagne en raison notamment du fait que leurs banques figurent parmi les principaux créanciers.
Une polémique sévit d’ailleurs en Allemagne à la suite d’un article du magazine allemand Der Spiegel qui affirme que la Bundesbank est mécontente que les banques françaises utilisent le programme de rachat de dette de la Banque centrale européenne pour se délester d’obligations grecques à haut risque . Un “complot français” est évoqué car à l’inverse des établissements français, sur la demande du ministère allemand des Finances, les plus grandes banques du pays se sont engagées à conserver leurs emprunts d’Etat grecs et à ne pas abandonner ni réduire les lignes de crédit accordées à la Grèce au moins jusqu’en 2013.
Début avril, il n’y a donc pas si longtemps, Les Echos pointait le scepticisme de plusieurs économistes américains face à la capacité de paiement de l’Etat Grec. “La plupart des économistes américains considèrent, sans le dire trop fort, que la probabilité d’un défaut comparable à celui de l’Argentine en 2001 est désormais élevée” pouvait-on lire dans les colonnes du quotidien économique.
Certes depuis, les pays de l’UE se sont mis d’accord sur la mise en place d’un plan de secours pouvant aller jusqu’à 750 milliards d’euros. Mais, comme le déclarait l’économiste Kenneth Rogoff toujours aux Echos : “c’est une pièce en plusieurs actes et nous ne sommes qu’à la scène d’ouverture”.