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Français à la carte

Publié le 01 juin 2010 par Chroneric

Je me souviens de mes années d'étude où la professeure d'économie nous interdisait de dire marketing que l'on devait remplacer par "mercatique". J'observe aujourd'hui que cette époque est bien loin et que chacun fait plus ou moins comme ça lui chante. Cela dit, il faut, il est vrai, éviter l'abondance des termes anglais. Il faut consommer avec modération, comme dirait la publicité.

Certains termes francisés sont entrés dans les mœurs et s'emploient naturellement. Baladeur (walkman), tube (hit), gardien de but (goal), pénalité (penalty), courtier (broker), centime (cent), avant-première (preview), logiciel (software). D'autres termes oscillent entre les deux langues, au gré de l'utilisateur. Audition ou casting, entraîneur ou coach, heure de grande écoute ou prime time, débat ou talk-show. D'autres, par contre, sont restés internationaux et ne risquent pas encore demain passer dans la langue de Molière. Webcam (cybercaméra), home cinéma (cinéma à domicile), podcasting (diffusion pour baladeur), VOD (vidéo à la demande), low-cost (bas prix), tour operator (organisateur de voyages).

Je pense qu'il faut laisser faire les choses naturellement et que si on oblige à utiliser certains termes car ils sont banalisés et utilisés par le plus grand nombre d'entre nous, il faut aussi laisser les termes anglais dans les domaines spécialisés, voire trop spécialisés, et donc utilisés par une poignée de gens ou par les habitués. Hub (plateforme ou pôle d'échanges), beach-volley (volley sur sable), let ! (filet !), starting block (bloc de départ), trader (opérateur de marché), off-shore (extraterritorial), hedge fund (fonds spéculatifs), stock option (option sur titres), jingle (indicatif), web TV (télévision en ligne), teaser (accroche), traveller's cheque (chèque de voyage).

Il y a même des mots ou expressions dont on ne connaît pas l'équivalence en anglais parce qu'on ne l'a jamais utilisé ou entendu, et pourtant elle existe. Close-up (gros plan), workshop (atelier), hand luggage (bagage à mains), non-stop flight (vol sans escale), voucher (bon d'échange), time-out (arrêt de jeu), steward (pour stadier !), waste recycling (recyclage des déchets), widget (?). Encore plus fort, il y a même des termes qui semblent d'origine anglaise mais qui sont de faux amis. Smoking (costume trois pièces), nominé (nommé). Enfin, il y les termes pour lesquels ils nous seraient jamais venu à l'esprit de les employer en anglais ! Biodiversity (biodiversité), mainstreaming (intégration), affordability (accessibilité), advocacy (plaidoyer).

Le domaine informatique est certainement le lieu où le français est le plus malmené. Déjà, pour programmer un logiciel, tout est écrit en anglais. La plupart des applications ont un nom à consonance anglaise voire même anglais : Windows, Word, Excel, etc. Les termes outre-manches se révèlent, pour les spécialistes, plus faciles à employer que leur traduction qui souvent perturbent les spécialistes et qui perdent tout leur sens bien précis et leur force. Hoax (canular), spamming (arrosage), bug (bogue), phishing (hameçonnage), hacker (fouineur), etc.

Notre langue reste donc une langue bien vivante qui sait s'adapter et qui n'a pas peur d'innover ou de se moderniser par la force des choses et l'usage des citoyens. La langue française appartient à tous ceux qui la pratiquent et pas seulement aux immortels et aux membres des académies. C'est ce qui la fait vivre. Il faut donc se décomplexer et se sortir du carcan académique trop enclin à vouloir garder une langue française moliérisée. Elle s'exportera d'autant plus facilement.


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