5. A la lumière de la foi chrétienne, la création évoque ensuite de façon particulière l'Esprit Saint dans le dynamisme qui distingue les rapports entre les choses, à l'intérieur du macrocosme et du microcosme, et qui se manifeste surtout là où naît et se développe la vie. En vertu de cette expérience, également dans des cultures éloignées du christianisme a été perçue d'une certaine façon la présence de Dieu comme "esprit" qui anime le monde. Dans ce sens, l'expression de Virgile est célèbre: "spiritus intus alit", "l'esprit est alimenté de l'intérieur" (Enéide, VI, 726).
Le chrétien sait bien qu'une telle évocation de l'Esprit serait inacceptable, si elle se réfère à une sorte d'"anima mundi" entendue dans un sens panthéiste. Mais, excluant cette erreur, il reste vrai que toute forme de vie, d'animation, d'amour, renvoie en dernière analyse à l'Esprit, dont la Génèse dit qu'il "tournoyait sur les eaux" (Gn 1, 2) à l'aube de la création et dans lequel les chrétiens, à la lumière du Nouveau testament, reconnaissent une référence à la Troisième Personne de la Très Sainte Trinité. En effet, la création, dans son concept biblique, "comporte non seulement l'appel à l'existence de l'être même du cosmos, c'est-à-dire le don de l'existence, mais aussi la présence de l'Esprit de Dieu dans la création, c'est-à-dire le commencement du don que Dieu fait de lui-même pour leur salut aux choses qu'il a créées. Cela vaut avant tout pour l'homme, qui a été créé à l'image et à la ressemblance de Dieu" (Dominum et vivificantem, n. 12).
Face au déploiement de la révélation cosmique, nous annonçons l'oeuvre de Dieu à travers les paroles du Psalmiste: "Tu envoies ton souffle, ils sont créés, tu renouvelles la face de la terre" (Ps 104 [103], 30).
JEAN-PAUL II
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 2 Août 2000