Il y a plus de vingt siècles, Platon enseignait déjà que l’éducation est le fondement de la société. Visiblement, l’homme en charge du ministère le plus vital de notre pays n’a jamais rencontré Platon ou, s’il l’a fait, a tout oublié. Je vais donc lui rappeler quelques faits d'évidence:
Le meilleur moyen de permettre à un individu d’être autonome et d’exercer un métier est de lui donner une formation. On nous serine sans cesse que le système actuel produit des gens ne possédant pas les rudiments nécessaires à tout travail, même le plus élémentaire. Ce n’est assurément pas en taillant dans les effectifs des enseignants que l’on remédiera à cet état de choses. Et il est criminel de viser cet objectif de réduction en supprimant les classes destinées aux élèves en grande difficulté.
La réussite individuelle a pour effet de réduire les tensions et assure une société apaisée. Mais en outre, au niveau de la nation, plus le vivier de talents est vaste, plus il est susceptible de produire les savants, les penseurs, les ingénieurs, les commerciaux et autres qui permettront à notre pays de poursuivre son développement.
La France est tout particulièrement en retard dans le domaine de l’enseignement des langues. Est-ce en supprimant « un millier d’emplois » d’intervenants extérieurs et d’assistants en langue « sans nuire à la qualité de la formation dispensée aux élèves » (sic) que l’on obtiendra des Français plus à l’aise dans l’usage des langues étrangères ?
Autre perle de ce document ministériel révélé dans Le Monde daté du 1° juin : « les études et expériences les plus récentes indiquent que la diminution des effectifs dans les classes n'a pas d'effet avéré sur les résultats des élèves et que les petites écoles ne s’avèrent plus toujours performantes ». Je dois confesser ici que je ne maîtrise pas la langue ministérielle. Est-ce que cette dernière proposition signifie que précédemment les petites écoles étaient toujours performantes et que désormais ce n’est plus le cas ou bien est-ce que l’honorable fonctionnaire censément versé dans la langue de Voltaire, qu’il n’a vraisemblablement jamais rencontré non plus, a voulu émettre l’opinion que les dites écoles étaient, pour certaines ou parfois, performantes mais pas toutes ou pas tout le temps ? Pour la peine, renvoyons ces cuistres à Boileau : « ce qui se conçoit bien, s’énonce clairement ».
Mais redevenons sérieux. Pourrait-on nous renseigner sur la nature de ces expériences si concluantes ? Qu’a-t-on comparé ? Quelle était la composition des classes comparées et l’origine sociale de leurs élèves ? Quelle était le niveau d’expérience des professeurs participant à ces études ? Comment était mesurée l’efficacité de l’enseignement ? Quelle était l'ampleur de cette diminution ? Quelle était la taille de la population considérée dans ces expériences ?
Mais assez pour aujourd’hui. Dans un prochain billet, plus divertissant j’espère, je m’efforcerai de mettre en évidence la stupidité de M. Chatel en appelant à la rescousse la récurrence, Zénon d’Elée et Alphonse Allais.