Rousse et cinquantenaire comme Imogène McCarthery, Catherine Frot redonne vie à ce personnage des années cinquante / DR
Imogène McCarthery d’Alexandre Charlot et de Franck Magnier
Sortie le 5 mai 2010
Classement : 3 ★ sur 5
Les fans l’attendaient depuis longtemps, et c’est sous les jolis traits de Catherine Frot qu’ils pourront découvrir la célèbre héroïne d’Exbrayat, Imogène McCarthery, au cinéma cette semaine. Adapté du livre « Ne vous fâchez pas, Imogène ! », premier d’une longue série de sept romans policiers, le film a été réalisé par Alexandre Charlot et Franck Magnier, déjà scénaristes de « Bienvenue chez les Ch’tis » et « Astérix aux jeux olympiques », entre autres. Avec « Imogène McCarthery », ils ne dérogent pas à la veine comique qui a fait leur succès dans le passé, et livrent une modeste parodie du film d’espionnage.
Le scénario est simple et s’inspire de la version littéraire : en 1962, Imogène, Ecossaise travaillant comme secrétaire à l’Amirauté en Angleterre, est choisie pour une mission de la plus haute importance : livrer les plans d’un avion de guerre à Callandre, son village natal. Et ça tombe bien, car bien que vivant en Angleterre, Imogène affiche depuis toujours un patriotisme exacerbé pour l’Ecosse. Elle voue un fanatisme sans borne pour l’équipe de rugby écossais et fait résonner la musique de la cornemuse dans son appartement anglais, au point d’irriter les voisins. Mais une fois dans son pays natal, les choses se compliquent dangereusement pour elle, car trois bolcheviques veulent à tout prix s’emparer du plan de l’avion. Aussi, le retour au bercail marque les retrouvailles avec un ancien amour (joué par Lambert Wilson) et réveille des secrets de famille…
Ce qui se développe tout au long du film reste, hélas, assez prévisible et mièvre, et la parodie ne se résume qu’aux maladresses de notre apprentie espionne, qui, entre deux rasades de whisky écossais, essaie tant bien que mal de protéger le précieux document. Les quelques scènes loufoques, bien que jubilatoires pour le spectateur, prennent le pas sur l’émotion, et rendent bien fade une histoire qui promettait plus de rebondissements au début. Ce qui sauve finalement le film, c’est le formidable jeu de Catherine Frot, qui arrive à éclipser tout le reste. Avec sa flamboyante chevelure rousse, elle est pétillante et apporte le brin de folie et l’exubérance qui caractérisent si bien le personnage d’Exbrayat. Ses répliques décapantes, qu’elle rend avec force et brio, arrivent à donner vie à Imogène. Quant à Lambert Wilson, il reste charmant, sans pour autant être passionnant, dans le rôle de l’ancien amour d’Imogène. Bref, à la fin du film, il ne reste qu’une seule envie au spectateur : celle de retrouver Catherine Frot dans le second volet du film, dans un scénario, qui espérons-le, sera plus endiablé et prenant.
Exbrayat, l’inépuisable…
Né en 1906 à Saint-Etienne, Charles Exbrayat est un auteur de polars à succès, aussi inépuisable que Georges Simenon ou Agatha Christie. Après avoir fait des études de sciences naturelles à Paris, il a enseigné dans la capitale, a travaillé comme auteur dramatique à Genève et a été journaliste à Nevers. Son premier roman policier, paru en 1957, s’intitule « Elle avait trop de mémoire ». S’est ensuivie une centaine d’autres polars, qui ont la particularité de mêler suspense et humour. Parmi eux, la fameuse série de « Imogène », qui a d’ailleurs été adaptée au petit écran en 1989, ou encore « Tarchinini » qui se déploie en huit volets. Son roman policier, « Vous souvenez-vous de Paco ? » lui avait valu le Grand Prix du roman d’aventures en 1958. Un Prix Charles-Exbrayat, attribué chaque année pendant la Fête du livre de Saint-Etienne, récompense un roman policier « qui aurait plu à Charles Exbrayat », avec comme jury des lecteurs de Saint-Etienne, de Tarentaise et de Planfoy, où l’auteur a vécu.
Charles Exbrayat est mort dans sa ville natale en 1989, laissant derrière lui une œuvre riche et considérable.
Article que j’ai écrit pour le journal Le Progrès (06/05/10)