Rizvan Khan, incarné par Shah Rukh Khan, parcourt les Etats-Unis pour délivrer un message contre le racisme / DR
My name is Khan de Karan Johar
Sortie le 26 mai
Classement : 4 ★ sur 5
Bollywood nous avait jusqu’à présent habitués à des histoires d’amour mélodramatiques infiniment ressassées, à des chants et danses hauts en couleur, ainsi qu’au portrait de l’Inde qui ressort plutôt du fantasme que de la réalité. Avec « My name is Khan » de Karan Johar, le cinéma indien sort enfin des sentiers battus (et même de l’Inde), en nous livrant un portrait poignant des Etats-Unis, aux lendemains des attentats du 11 septembre.
Avouons-le : des films sur le 11 septembre, il y en a eu plusieurs, et peut-être même trop. Mais là où « My name is Khan » arrive à tirer son épingle du jeu, c’est dans ce portrait intime qu’il nous livre des musulmans d’Amérique, victimes de la paranoïa et de la haine raciste qui ont découlé des attentats terroristes. Dès les premières minutes du film, le ton est donné. On apprend que Rizvan Khan, (incarné par le superstar Shah Rukh), est pris pour un terroriste dans un aéroport américain à cause de son comportement suspect. Grâce aux allers-retours entre le passé et le présent, on découvre alors l’histoire bouleversante de ce jeune musulman, originaire de Mumbai, qui souffre du syndrome d’Asperger (une forme d’autisme) depuis son enfance. A l’âge adulte, Rizvan avait immigré aux Etats-Unis et était tombé amoureux d’une coiffeuse, Mandira, jouée par la sublime Kajol. Après les traditionnels et réjouissants chants et danses, ils s’étaient mariés et installés à San Francisco. Jusque là, on reste dans l’esprit de Bollywood, où les sentiments amoureux sont exacerbés et célébrés. Mais tout bascule à la suite des événements dramatiques du 11 septembre, lorsque le regard des américains change brutalement envers les musulmans, dès lors considérés comme des terroristes. Après un drame lié à cette nouvelle forme de racisme, Rizvan Khan se lance alors dans un parcours semé d’embûches pour rencontrer le président des Etats-Unis, et lui déclarer que « Je m’appelle Khan et je ne suis pas un terroriste ».
Le message est fort, fédérateur et c’est un véritable cri d’espoir pour la réconciliation des peuples, dans un contexte où les musulmans sont encore tenus comme responsables des attentats du 11 septembre, par la société américaine. (La construction d’une mosquée près du Ground Zero a récemment suscité une vive émotion et causé une vague de polémiques aux Etats-Unis). Rizvan est émouvant dans sa naïveté, liée à son autisme, et dans sa détermination à faire entendre sa voix, et celle des millions de musulmans qui peinent à assumer leur identité. Le racisme latent entre amis, voisins, collègues, est démontré sans ambages et fait aussi peur que les attentats du 11 septembre en eux-mêmes.
En s’attaquant à des sujets aussi graves et universels, le cinéma indien serait-il en train de se renouveler, voire de s’internationaliser ? En tout cas, grâce au formidable jeu du couple mythique de Kajol et de Shah-Rukh Khan, la magie de Bollywood continue à opérer et le cinéma indien gagne une place de plus sur la scène internationale.