Autre particularité de ce festival espagnol, son côté mi-urbain mi-plage et son absence de camping. Du coup les festivaliers arrivent en masse on ne sait d’où : auberges, hôtels, coach surfing et autres plans plus foireux se chargeant d’apporter repos pour le lendemain. Et la meilleure manière pour démarrer la journée en douceur, c’est le fameux Auditorium de Barcelone, l’un des meilleurs sons de salle qu’il m’ait été donné d’entendre. C’est le jeune Owen Pallett (Final Fantasy) qui l’investit en cette fin d’après-midi et qui à lui tout seul va captiver la salle comble. Le violoniste virtuose canadien est un véritable prodige. Avec ses auto-samples de violon et sa voix limpide, il fait forte impression et remporte l’unanimité.
L’occasion était belle de rester en place et d’assister à la représentation live de l’album The Great Destroyer de Low mais comme à guichets fermés, je me rabats sur le collectif power pop canadien The New Pornographers. Et quel grand bien m’en a pris. A.C. Newman, Kathryn Calder et les autres sont bien plus que des rigolos joueurs de guitare, c’est un vrai groupe avec de vrais très bons morceaux ("Crash years", "Your hands", " My rights versus yours"…). Le leader avoue d’ailleurs à la foule que les Pixies sont la raison principale qui lui a donné envie de monter un groupe.
Dans le même état d’esprit et sur la même scène, les Texans de Spoon assurent un show original (rythmiques, claviers…) et varié qui place lui aussi la barre très haut. M’enfin pas trop le temps de rester jusqu’au bout non plus puisqu’il faut aller se placer pour le duo à la mode (trio sur scène) de Baltimore, j’ai nommé Beach House. La curiosité était forte de voir ce que donnent un disque comme Teen Dream sur scène. Y aura-t-il assez d’énergie ? Le constat est sans appel, oui Beach House sur scène c’est énorme. En douceur certes, mais énorme. Le genre de "perfect moment" où vous écoutez "Norway" ou "Gila" allongé dans l’herbe à regarder le ciel. Magique !
Vont alors suivre deux semi-déceptions. Wilco tout d’abord, qui entame avec des problèmes de sons, pour finalement jouer un répertoire assez mou, malgré de jolis morceaux. Tous les efforts de Jeff Tweedy n’y feront rien, cette fois-ci la magie n’opère pas. Plus grave, car apparemment déjà entraperçu lors de récents concerts parisiens, la chute de Panda Bear qui livre un set indigeste, décousu et sans véritable morceau. A ce stade là c’est vraiment de la branlette. Dommage, ne reste plus qu’à s’écouter Person Pitch en boucle, ou à attendre des jours meilleurs pour l’Animal tout seul.
Restent pour finir la journée deux groupes majeurs de l’indie rock Américain. Le Shellac de Steve Albini, qui n’a rien perdu de sa verve à coup de rythmes lourds et de riffs abrupts, et Pixies emmené par le fameux coule Franck Black et Kim Deal. Même si ces derniers communiquent peu, leur concert est bien évidemment monstrueux. C’est à ce jour le concert le plus fréquenté de l’histoire du festival avec près de 35.000 personnes tassées devant la grande scène. Et enfin ce sont les Brooklynois de Yeasayer qui se chargent de conclure ma soirée avec leur concert coloré et enjoué, mais il est déjà trop tard pour moi. Demain : dernier jour.
A lire aussi : Primavera Festival de Barcelone, Jour 1#
"My rights versus yours" par The New Pornographers
"Steady as she goes" par Shellac
"Flare gun" par Owen Pallett
Crédits photos Dani Canto (Owen Pallett), Chus Sanchez (Wilco), Inma Varandella (Pixies) ©