Quand j’écrivais quelques mots durs sur l’œuvre de Louise Bourgeois, je n’étais pas encore certain que c’était elle que j’avais rencontrée, il a très longtemps.
Lisant aujourd’hui la page que le Monde lui consacre, j’ai enfin la confirmation que c’était bien chez cette mauvaise teigne que je m’étais rendu un dimanche après-midi à New York . Louise Bourgeois, comme le confirme le journal, faisait salon le dimanche et l’on trouvait à sa porte un carton « Open ».
Inutile de dire que je ne la connaissais pas. Elle ne jouissait pas alors de la célébrité qui ne vint que plus tard. Mais à cette époque où nous étions tous plus ou moins « artistes », un ami m’avait entraîné dans son bric à brac sombre qui puait déjà le vieux.
J’étais très jeune et, dès mon entrée, je me souviens de mon malaise face à cette femme perverse, sèche, qui vous fixait derrière la tête, vous posait une question et s’adressait à un autre quand vous commenciez à lui répondre. D'évidence, elle ne vous recevait que pour trouver le moyen de vous humilier. Fuyante, elle cherchait à percer votre intimité pour trouver la faille par où elle inoculerait son venin. Une femme méprisante et détestable. La méchanceté se lisait sur ses traits.
Louise Bourgeois ne cherchait les autres que pour les enserrer dans ses sales pattes. Je me souviens qu’au bout d’une heure je sortis de là avec une impression d’étouffement et la certitude que jamais je ne remettrais les pieds chez elle. Et je préfère désormais la mouche à l’araignée !
La méchanceté paie. Elle aide à faire carrière et donne la vie longue. Louise Bourgeois fut décorée à New York par Sarkozy en présence de Carla Bruni. La photo est celle figurant sur son site officiel.
Qu’on me pardonne de ne pas faire chœur à l’éloge unanime de ceux qui eurent la chance de ne pas la rencontrer.