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Get up,
Stand-up,
La grande tour d'ivoire et de corne domine la riante cité d'Issy-les-Moulinets. Fière, majestueuse, elle s'élève dans le ciel comme un doigt inquisiteur cherchant la morve de dieu. A son sommet, dans le restaurant rotatif gastronomique aux frites à volonté, une petite équipe de créateurs salariés ou précaires contemple des mortels l'incessant ballet, dédaigneux du vil commerce des marchandises culturelles, sourd à son babil et ses soubresauts plébéiens. "On est bons, hein ?" lâche parfois l'un de ces augustes employés au service du public connecté, "huit ans que ça doure, j'aurais pô cru". Mais voilà, les avant-gardes d'hier s'encroûtent en institutions autarciques, il faut se renouveler si l'on veut durer, et offrir à l'admiration éperdue des foules la calme détermination d'une cellule combattante subventionnée, une secte anarchiste sensible aux honneurs et prête à mourir pour la prime, comme qui dirait genre