La fille qui se trouvait face à un choix cornélien (Rodrigue, as-tu du Louboutin?)

Par La Chose

Je ne suis que doutage et interrogatoire viscéral, ma citrouille avariée.
Je suis questionnement douloureux, grattage de tête frénétique et cycle menstruel fortement perturbé.
En cette période pré-estivale toute pourrie au cours de laquelle ma qualité de chômeuse dûment inscrite chez Pôle Emploi me donne droit à quinze (15, fifteen, quince y el coño de tu madre) centimes de réduction dans toutes les bonnes salles de cinéma d’Armorique, je dois t’avouer que j’hésite grave entre deux chefs-d’œuvre annoncé, deux master-pisse à peine sortis mais déjà promis à une belle moisson d’Oscars, de Césars et de Razzie Awards.

Dans mon choix number ouâne, y’a pas vraiment d’intrigue, c’est juste la suite du plus long (et cher) catalogue de vente par correspondance du monde, un film essentiellement destiné à pousser une moyenne de cinquante millions de courges fashionistas bien braves et bonasses à se ruer dans les franchises Prada©, Manolo Blahnic©, Sephora©, Dior©, Chanel© ou Jimmy Choo© afin d’y dépenser l’intégralité de la prime de rentrée scolaire 2010 que l’État, dans son immense générosité, a prévu de leur verser.
Un bien beau film, donc, qui concentre en un peu moins de deux heures tout le glamour, le pouvoir d’achat cyclopéen et la connerie abyssale de la fashion victim “ "upper-class” " à laquelle tant de no-life cherchent désespérément à s’identifier (les garçons, eux, préfèrent s’imaginer avec la quéquette de Rocco, les pectoraux d’Arnold et le sex-appeal de Brad Pitt, on a les fantasmes qu’on peut).
La bande-annonce, à elle seule, me met l’eau à la bouche et me promet un moment de franche rigolade, du niveau d’un bon détournement de Mozinor ou même d’une excellente fausse pub des Nuls, tant l’absence du moindre embryon de scénario est flagrante (voire ostensiblement brandie comme un étendard: l’intelligence et la profondeur ne passeront pas par nous, bordel!).
De la fringue de marque, du botox et du blush, donc, avec aussi des décors de rêve, des voitures trop belles, des déserts trop chauds, des parties de jambes en l’air trop audacieuses, des dialogues trop piquants, bref que demande le peuple (ou plutôt la populace des gallinacées glougloutantes qui constitue 98% du public de ce genre de films)?

Oui, mais voilà.

Mon cinéma de quartier programme aussi, à partir d’aujourd’hui, l’avant-première de Fatal, un drame humain “ "made in France” " qui, de son côté, chie de toute sa hauteur sur dix mille ans d’évolution de l’espèce et tente joyeusement de nous ramener au stade anal primal qui, à l’époque des mammouths et du Parti Communiste, nous voyait hurler de rire à la moindre évocation des mots caca , poils et bite. Une négation totale et assumée, en somme, de la théorie darwinienne qui affirme que nous avons dépassé depuis longtemps le niveau simiesque et que notre cerveau est plus gros que celui d’une amibe.

Alors évidemment, ma caille, je suis plongée dans les affres de l’incertitude.

Quitte à explorer les profondeurs les plus noires et nauséabondes des égouts cinématographiques occidentaux, dois-je risquer l’attaque d’apoplexie en me mêlant aux fans bêlantes de Carrie Bradshaw (elles-mêmes prenant le risque d’une rupture d’anévrisme si elles se mettent à essayer de comprendre le scénario de Sex and the City 2)? Ou bien au contraire, devrais-je me mêler à la meute des ados pré-pubères aux faces constellées de boutons purulents, qui passeront deux heures à meugler “ "couille” " tout en lâchant quelques rots festifs devant la performance inégalable de Michaël Youn?

Ma dernière option, en ce mercredi symbole de renouveau hebdomadaire du Septième Art, est évidemment de m’abstenir et de préférer un DVD de Quentin Tarantino ou de Georges Romero.

Je me tâte.


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