Magazine Humour
Eliot Belley, conseiller de vie, répond aux questions des lecteurs
Publié le 02 juin 2010 par Fradette
Eliot Belley est conseiller de vie. Il est présentement sans emploi, mais cherche activement à devenir immensément riche. Il utilise la tribune que lui offre Mauvais Œil pour répondre aux questions des lecteurs sur différents sujets; la spiritualité, l’enfance, l’amour, l’amitié, le bonheur et l’ufologie inversée. Il nous parle aujourd’hui de Chantal, qui s’inquiète pour son jeune enfant: malgré de nombreux avertissements, son fils Francis a cette fâcheuse habitude de traverser la rue en courant. Maintenant âgé de 6 ans, il n’écoute que trop peu les sages consignes de sa mère.
Je réponds donc à Chantal qui est en fait une voisine qui m’aide un peu à démarrer mon petit projet. Je lui donne quelques judicieux conseils pour élever son garçon, en échange de quelques pots de confiture de myrtilles et la promesse de ne plus me planter immobile devant sa fenêtre de cuisine pour l’observer pendant qu’elle prépare le souper.
Donc voilà. Tout d’abord, il est clair que le jeune Francis est un sombre idiot. Que sa mère n’ait pas une envie incontrôlable de le voir happé par une voiture et râpé sur l’asphalte sur une distance raisonnable est totalement incompréhensible. Je ne serais donc pas surpris qu’elle soit elle-même simple d’esprit. Comme on dit, la pomme ne tombe jamais bien loin du pommier. Mais là n’est évidemment pas la question.
Votre enfant doit savoir que traverser la rue est suicidaire
Si Francis traverse la rue en courant, c’est simplement parce qu’il n’a pas cette peur inhibante de mourir dans d’atroces douleurs. La peur, c’est ce qu’il y a de plus puissant pour contrôler un enfant. Voici donc, Chantal, quelques conseils permettant d’engendrer une crainte suffisante afin que cesse ce comportement complètement débile:
• Posez des têtes d’écureuil sur des poteaux tout autour de votre maison et dites à votre enfant que le monde extérieur est dangereux et peuplé d’indigènes cannibales ou de sadiques meurtriers. Au besoin, frappez sur des tambours pendant sa sieste ou au coucher du soleil. N’hésitez pas à répandre du sang humain sur ses couvertures et ses effets personnels. Évitez le sang animal, c’est terriblement tachant.
• En voiture, accélérez lorsqu’un piéton traverse la rue devant vous. Prenez bien soin de renverser les plus lents et de reculer ensuite sur les survivants. Attention! Votre enfant doit aussi se trouver dans la voiture, sinon la manœuvre est totalement inutile.
• Demandez à un membre de la famille d’appeler à la maison pour lui annoncer que vous êtes morte écrasée par un train routier. Si nécessaire, allez dans sa chambre la nuit suivante et imitez le hurlement d’un fantôme.
• Baissez ses pantalons lorsqu’il approche de la rue et hurlez de rire en le pointant du doigt. Ce dernier conseil peut être appliqué à une foule d’autres situations. Je ne vous raconterai pas tous les détails, mais sachez que j’urine dans mon pantalon dès qu’on m’offre une sucette ou une barre de chocolat.
Les enfants sont des éponges, c’est bien connu. Ils absorbent tout de façon incroyable. On peut donc les imbiber de tout ce qu’on veut sans ménagement lorsque vient le temps de faire le ménage du printemps: essence, vinaigre, alcool à friction, huiles usées. L’important c’est d’y aller avec assurance et de ne jamais se remettre en question. De façon générale, sachez que vous avez raison sur tout, même si la loi prétend le contraire.
Par exemple, lorsque j’étais enfant, ma mère me gardait avec elle à la maison pendant que mon père allait travailler. Pour me divertir, elle me lançait des petits morceaux de viande crue que je devais attraper au vol avec la bouche puisque j’avais les mains liées dans le dos. C’était sa façon à elle de s’amuser tout en me nourrissant. Les fous rire qu’elle avait! Quand j’y pense aujourd’hui, j’en ai les larmes aux yeux de bonheur et, bizarrement, quelques serrements dans la poitrine. Tout ça pour dire que grâce à elle, je n’ai jamais eu la sombre idée de traverser la rue en courant. De toute façon ce n’était pas possible puisque les liens m’empêchaient de bouger.
J’ai beaucoup appris de ma mère, ce qui a eu pour effet que mon fils, maintenant adulte, est aussi d’une prudence exemplaire. En fait il ose à peine sortir de chez lui malgré qu’il soit lourdement médicamenté. Tout ça grâce à une éducation rigoureuse additionnée de punitions arbitraires. Ayez donc confiance en vous et n’oubliez jamais de barrer la porte à double tour; le monde est peuplé de fous furieux.
Vous avez une question pour Eliot Belley? Écrivez-lui à l’adresse suivante: [email protected] À noter que votre question doit tenir en une ligne ou deux, bien qu’elle se retrouvera généralement à la poubelle de toute façon.