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Les enfants du marais

Publié le 02 juin 2010 par H16

Alors là bon bah dites donc mes petits amis ouille ouille ouille ça voltige de tous les côtés. Il devient quasiment impossible, devant le torrent de nouvelles toutes plus croustifondantes les unes que les autres, de s’astreindre à en choisir une pour la disséquer. Pour ce billet, je vais donc céder à la facilité et picorer un peu de tout…

Et tout d’abord, dans la vaste catégorie Continuons À Claquer Du Fric Qu’on N’a Pas, dans laquelle concourent actuellement toute la meute de nos politiciens, on trouve, loin devant, François Fillon, museau au vent, oreilles flippe-flappant joyeusement au gré de ses petits bons enjoués dans la vaste prairie budgétaire qui s’offre à lui.

L’œil un peu coquin d’avoir réalisé une jolie galipette sous le regard intéressé des nombreux journalistes venu l’entendre japper, notre premier ministre a en effet déclaré, rassurant, que les départements dans le rouge pourraient disposer d’une dotation ou d’une rallonge budgétaire. Ouah ouah, ça, c’est vraiment super gentil.

On se souvient en effet qu’en avril, une association de président de conseils départementaux, tout bousculés qu’ils étaient de constater qu’ils ne pouvaient pas faire comme on leur avait appris à l’échelon du dessus, c’est-à-dire de la dette, s’étaient retournés vers leur Etadoudou pour un gros câlin douillet sur un gros coussin de centaines de millions d’euros. On se rappellera des petits gémissements attendrissant d’un Bartolone tout en pleurs qui déclarait, en matière de coupes budgétaires, qu’ »il n’est plus possible d’aller plus loin. Je ne veux plus me transformer en « monsieur annonce de mauvaises nouvelles« .

Et nous apprenons donc que le pov’tiboud’chou a réussi à attendrir les coeurs d’artichaut du gouvernement : un petit poutou, un très gros chèque sans provisions, et hop, tout se joue à l’âge Playskool et ça repart avec le sourire.

François est heureux : le goûter à Matignon s’est terminé par une distribution de bonbons et les enfants sont repartis heureux. En tout cas, ils ont intérêt à l’être et à faire durer le bonbon : ce serait dommage de bêtement tomber du vélo fin 2010 début 2011 et s’écorcher les petits genoux cagneux dans les affres de la cessation de paiement et tout ça.

Et pendant que François jappe jovialement, Martine et toute sa bande de politiciens en culotte courte se sont lancés dans l’exploration du grenier de papy.

Vous savez comment sont les enfants : deux bouts de ficelles, du sparadrap, un vieux drap, quelques cartons, et hop, les voilà embarqués dans une magnifique machine à explorer le temps, l’espace et les univers parallèles.

Cette fois-ci, c’est le petit Arnaud M. qui croit avoir pris les commandes d’une Merveilleuse Machine À Gagner. En effet, dans les yeux de cet enfant rêveur, le passage par les classes primaires constitue une véritable aubaine, une opportunité pleine de pétillements et de cette joie primesautière d’apprendre toutes ces choses nouvelles auxquelles il n’avait, à vrai dire, jamais pensé avant.

Et le voilà parti, avec force « broum broum », « tagada tagada », « pouët pouët » et autres « pif paf » tonitruants, dans des saillies emphatiques : « C’est une révolution politique dans notre pays que nous sommes en train d’imaginer ! » ¡Yahou!, les amis, c’est la Revolución ! Il ne manque même pas à ce tableau le Rantanplan pour parfaire l’histoire, puisque Ségolène s’est elle aussi invitée dans la cabane à rêves de Martine, Arnaud, Dominique, Manuel et les autres.

Dans sa pétulance, le petit Arnaud s’est même fendu d’une prospective tout à fait en ligne avec sa merveilleuse machine, dont les portières en carton ont été tendrement décorées de dizaine de petits coeurs par Martine, avec son gros feutre rouge :

« Les vaincus se rallieront au vainqueur » dans un esprit « qui est à la fois de compétition et de coopération, un mélange des deux que j’appelle la coopétition. On se sera combattu pour la bonne cause et cela nous permettra de reprendre pied dans la société française »

Mais oui, Arnaud : les vaincus seront fair-play, feront des petits bisous sur les joues des vainqueurs, et tout le monde reprendra deux fois de l’orangeade en chantant l’Internationale avec sa petite voix flûtée. C’est absolument évident.

C’est génial, finalement : quand on pense que cette joyeuse troupe va peut-être diriger le pays après la grande soirée d’anniversaire des cinq ans de Nicolas en mai 2012, on se dit qu’on va pouvoir se taper les cuisses un bon moment.

Les Enfants Du Marais

Et d’ailleurs, on salive déjà aux petites farces friponnes qu’ils réservent au directeur d’école, monsieur Chatel. Monsieur Chatel, c’est le nouveau directeur de la petite école de la commune. Il ne rigole pas : il prend son rôle très au sérieux. En réalité, il est plombier mais comme il fallait un directeur, tentant le tout pour le tout, il s’est improvisé dans le rôle. Tout n’est pas facile, dans la petite commune : les budgets sont serrés même si, tout le monde le sait, ce n’est qu’un petit mauvais moment à passer, si si, puisque je vous le dis. Reprenez du cake au fruits.

Monsieur Chatel est bien embêté : il a plusieurs classes à gérer, mais les instituteurs ne sont pas toujours là pour faire la classe. Il y a notamment Madame Pétronille, qui pète arrêts maladies sur congés maternités, et Monsieur Dugrondin qui a toujours le chic pour dénicher une de ces fumeuses formations genre Programmation Neuro-Linguistique et Poterie… Alors, plutôt que remettre un peu d’ordre dans ces quelques débordements, il a décidé d’entasser les élèves des classes concernées dans les autres classes.

Accessoirement, le niveau général continue de chuter et Luc a bien du mal à faire passer les hiéroglyphes bizarres gribouillés par les élèves pour une écriture maîtrisée.

Ils ne sont pas aidés, dans la commune.

Oh ! On m’apprend à l’instant que le petit Arnaud a été contrôlé positif à toute une batterie de drogues psychotropes rigolotes. Ceci expliquerait peut-être sa joie un peu trop volubile, à rire bêtement dans ses boîtes en carton au cri de « Youpi, La Machine A Gagné ! »

En parallèle à tout ça, notons que nous avons bien reçu la lettre d’excuse envoyé par la Bande de Xav’Le Grave, concernant les détériorations diverses et autres vandalismes ridicules dans le corpus légal relatif à HADOPI.

Malheureusement, ça ne suffira pas : même si le principal auteur de la lettre, bafouillant des explications vasouillardes et assez lourdes à lire sur près de 50 feuilles petits carreaux grand format, tente de tourner la page honteuse des abominables exactions de voyous que son groupe avait commises il y a quelques temps, il faudra bien plus pour faire croire aux internautes que, d’une part, ils ont compris quelque chose à l’interweb, les firewall open-office et les SMS de facebook, et que, d’autre part, ils vont réellement remettre à plat les 10 dernières années de dérives mafioso-ridicules auxquelles ils nous ont habitués.

En tout cas, tous ces gamins s’amusent bien. Les parents, les tuteurs, les responsables légaux, ceux qui payent pour les goûters et les réparations, en revanche, trouvent les après-midis de plus en plus longues. La récré permanente, c’est sympa dix minutes.

Mais il serait temps que ça cesse.


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