Ecole : le cynisme de Luc Châtel
Publié le 02 juin 2010 par Pascal_martineau
« Quand on ouvre une école, on ferme une prison
». La phrase de Victor Hugo est bien connue. L’Histoire lui a largement donné raison. Et pourtant, en France, en 2010, Nicolas Sarkozy ouvre des prisons et ferme
des écoles. La nouvelle idée géniale de Luc Châtel, contenue dans le « schéma d’emploi 2011-2013» pour l’éducation nationale envisage ainsi de faire de économies de profs
(15 000 à 17 000 postes en 2011) en ajoutant un élève supplémentaire dans chaque classe. Le ministre, qui ne manque pas d’aplomb, affirme sans rire que cela n’aurait pas pour
conséquence de « dégrader les performance globales ». Alors même que toutes les études menées depuis de nombreuses années démontrent évidemment le contraire. L’effectif d’une
classe est un facteur de réussite ou d’échec des élèves et en particulier de ceux qui rencontrent des difficultés. Pire encore, cette mesure s’accompagnerait d’une réduction – ah ! Parce qu’il en
reste encore ? - du nombre d’enseignants spécialisés dans les Réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficulté (RASED) et d’une diminution de la scolarisation à deux ans. Deux dispositifs
qui, là aussi, ont fait toutes leurs preuves pour réduire et rattraper les inégalités et les difficultés scolaires des enfants les plus défavorisés et en particulier, ceux issus de familles non
francophones.
Mais, cyniquement, Luc Châtel n’a malheureusement pas tort. En effet, dans un système qui réduit son soutien aux élèves en difficulté, l’élite républicaine, ceux qui ont l’entourage familial,
social et culturel adapté continueront à tirer leur épingle du jeu, assurant à notre société la reproduction d’une classe dirigeante conservatrice et politiquement correcte. Pour les autres, il
reste les prisons, les ghettos urbains, le repli identitaire, les policiers référents et les caméras de surveillance.