Peut-on communiquer sans cliché ?

J'aurais envie de répondre "oui" à la question-titre. Mais 2 campagnes récentes, lancées par des acteurs un tant soit peu engagés, me font douter... La Miss Bio et la semaine du microcrédit par l'Adie.

La Miss Bio

Ça m'embête un peu de critiquer ça, parce qu'une amie y participe et peut faire gagner pas mal d'argent à l'association qui soutient ÉcoloInfo^[1]. Néanmoins, le principe m'embête beaucoup plus.

Je déteste les élections de "miss"^[2]. Le fond du concours n'est évidemment pas le physique des jeunes et moins jeunes femmes candidates, masi le projet. Sauf que le titre du concours rappelle les concours de beauté. On n'est évidemment pas dans le délire des questions à la con dont une élection de "Miss Teen America" nous avait donné l'exemple (et dont la vidéo ci-dessous vous permet de juger), mais les commanditaires de la campagne cherchent clairement l'affiliation.

C'est dommage, parce qu'avec les mêmes personnes, les mêmes candidates, Féminin Bio aurait pu dire "votre projet préféré", sans faire tourner ça autour du physique des nanas. Sans oublier les catégories : "people", "blogueuse", "engagée"... Sont-elles des catégories exclusives ? Si on est people, on n'est pas engagé ? À quoi ça rime "blogueuse" ? Anne-Sophie est surtout engagée et à ce titre elle blogue, son engagement ne se limite d'ailleurs pas à ça.

Ce concours est apparemment porté par Féminin Bio, magazine féminin 100 % bio que j'avais étrillé en le qualifiant d'écologie par la futilité.

L'Adie veut des patrons qui ont des couilles

Du 1er au 5 juin, c'est la Semaine du microcrédit. C'est l'association pour le droit à l'initiative économique (Adie) qui la porte, en France.

L'année dernière, l'association avait décidé de montrer des "grands patrons" dans un désagrément du quotidien. Pour prouver qu'ils sont "des hommes comme les autres". Dans les clips, une seule femme, Catherine Rambaud, PDG d'Olympia, au milieu des Franck Riboud ou Michel Pébereau, respectivement patrons de Danone et de BNP Paribas. L'un et l'autre gagnent 4 millions et 1 million d'euros par an. À l'époque, j'avais trouvé un peu abusé de nous les présenter comme "des gens comme nous", mais passons.

Cette année, l'accent est mis sur la capacité universelle de devenir son propre patron. Les visuels des affiches sont censés l'illustrer (en bas de cette page) : apprendre à nouer une cravate, savoir cirer ses chaussures, disposer d'une place de parking à son nom, porter un costume rayé. Quasiment que des références à des patrons masculins. Comme le fait remarquer cet article sur lepost.fr.

Donc pour l'Adie, quand on veut devenir patron, mieux vaut être un mec. Je ne sais pas ce qu'en pense Maria Nowak, présidente de l'Adie, ni la bonne moitié de femmes à des postes à responsabilité dans le domaine de l'économie sociale et solidaire / entrepreneuriat social, comme je m'étais amusé à le rappeler dans mon billet sur le manque de femmes au MouvES. :

[...] 30 % de femmes créatrices d'entreprise (chiffres Insee 2006). Selon l'Atlas de l'ESS [...] les femmes représentent 53,8 % des "cadres, professions intellectuelles et chefs d'entreprises".

On arrête quand le sexisme dans la pub et la comm' ?

je voudrais pas jouer le féministe aigri, mais c'est agaçant le sexisme dans la pub, ça l'est d'autant plus quand ça promeut une chose qu'on défend soi-même. Les strip-teases de 350.org pour alerter sur le réchauffement climatique m'ont gonflé, les clichés sur les blondes^[3] pour parler écologie m'emmerdent. Que Renault, Fagor ou Carrefour soient sexistes, c'est leur problème. Que des associations, mouvements ou personnes dont je défends les causes le soient, ça m'ennuie car ça peut nuire au message lui-même et casser son image au sein de la population convaincue, elle-même relais.

Notes

[1] En plus il faut s'inscrire pour voter, non merci.

[2] Bien sûr, je ne voudrais surtout pas l'interdire, d'autant plus qu'il existe des pays où c'est considéré comme une libération.

[3] Je sais, "La Blonde écolo" n'est qu'un titre, mais bon.