LA GRANDE PLACE, musée des Cristalleries de SAINT LOUIS

Publié le 02 juin 2010 par Mpbernet

Cent kilomètres à l'est de Metz, au fond d'un sombre vallon entièrement boisé, après maintes circonvolutions de petit village en petit village autour de Bitche, vous pénétrez sur La Grande Place : l'usine de verrerie - à l'origine - où s'installa la Cristallerie de Saint-Louis, par privilège du Roi Louis XV.
J'ai toujours été attirée par les belles pièces de décor de la table, en particulier cet art qui fut à son apogée en France au XVIIIèmeXVIIIème siècle : la porcelaine et bien entendu, le cristal. Un artisanat de grande précision, qui au départ fut le fruit de découvertes chimiques fantastiques pour l'époque. Comme quoi, c'est le luxe qui fait vivre et se nourrit de l'innovation industrielle.

Pour le cristal : Baccarat, Saint-Louis en sont les étendards in-surpassés dans le monde entier. Pourtant, ils ne furent pas les initiateurs mais les continuateurs des porcelainiers de Saxe, ou comme ici des cristalliers d'Angleterre qui en détenait le monopole depuis son invention en 627 à NewcastleNewcastle.


Le musée du Cristal (conçu par les architectes Florence Lipsky et Pascal Rollet) vous fait vivre toute cette évolution technologique, avec une unité de style et une justesse de goût dans le choix des pièces montrées décapante. Vous pénétrez ainsi dans un grand hall industriel qui devient une caverne d'Ali Baba. Mais il est vrai que la cristallerie a été rachetée par la maison HERMES........
Au dessus d'une fosse de four, vous montez progressivement une rampe de près d'un kilomètre figurant une monumentale étagère.
Les chefs d'oeuvre de cristal sont de l'autre côté de la vitre et on vous explique pas à pas les techniques utilisées, les façons de faire.

A droite de cette rampe, il y a les ateliers et les fours dont on aperçoit le rougeoiement, mais peu d'ouvriers s'affairent (c'est la même chose lorsqu'on visite Airbus à Toulouse, on est surpris du silence). On sent bien qu'il leur faut toute leur concentration pour réaliser ces fragiles merveilles. On voit beaucoup mieux sur les vidéos commentées qui jalonnent le parcours.
Ainsi ai-je appris comment au début, on moulait les pièces dans des formes au lieu de les tailler, comment les opalines sont faites, comment la gravure peut être réalisée à l'acide à partir d'une décalcomanie, comment la dorure se polit à l'agate, comment on procède pour colorer le cristal avant de le tailler, comment on obtient ces presse-papiers sulfures si en vogue au 19ème siècle, comment la bourgeoisie de la Révolution industrielle fut l'ardente promotrice des services de cristal pour ses réceptions munificentes. Je vous fais une confidence : j'ai une passion pour le service "Thistle" en forme de chardon et dont le large bord est rehaussé d'une guirlande gravée dorée à l'or fin....On peut rêver, non ?
Vous ressortez de là totalement émerveillé, bien entendu par le magasin d'usine où sont vendues des pièces pas tout à fait parfaites, à quarante pour cent de leur prix en boutique.
Croyez-moiCroyez-moi, je me suis retenue très fort.....
La Grande Place, musée du cristal Saint-Louis, 57620 Saint-Louis-lès-BitcheSaint-Louis-lès-Bitche. 03 87 06 40 04, tous les jours sauf mardi de 10h à 18h.