Robin des Bois est de la trampe des William Wallace et des Rob Roy. C’est un cœur noble, une âme élevée et romantique, en conflit permanent avec l’Injustice et la Corruption. Ce genre de héros que l’on trouve dans les romans ou dans l’Histoire avant le triomphe de l’Opportunisme et d’un système politique à la Machiavel... Rappelons-nous par exemple la figure du vieux Roi honoré par Hamlet : « le front de Jupiter, l’œil pareil à celui de Mars pour la menace et le commandement, l’attitude de Mercure le messager quand il vient de se poser sur une colline à fleur de ciel, un ensemble, une forme, où chaque Dieu semblait avoir mis son sceau pour donner au monde l’archétype de l’homme ».
La caméra de Ridley Scott filme à merveille la rudesse et la sensibilité de Russel Crowe, « gladiator » dont le nouvel avatar est la figure de Robin Longside, futur Robin des Bois, celui dont la devise est la suivante : « Dresse-toi sans relâche, jusqu’à ce que les agneaux deviennent des lions (rise, rise until lambs become lions) »
L’un des intérêts du film est de remonter à l’enfance du héros, de découvrir la figure noble et juste de son père, et de montrer également au spectateur comment ce simple archer d’une piteuse croisade devient un lion pour l’Angleterre...
Comme Henri 5 glorifié par la pièce de Shakespeare, ou comme William Wallace à la tête de ses Highlanders, Robin est capable de soulever la ferveur et d’amener ses hommes à la victoire et à l’unité. Il est de ceux qui parlent vrai et qui font mouche, comme la flèche qui vibre et qui finit sa course tout au bout de l’horizon, de l’autre côté de la sphère oculaire... Superbe image du film : à la fin de la grande bataille, le traitre qui a pactisé avec le Roi de France s’enfuit. Alors Robin bande son arc, crispe l’œil, vise le fuyard. La flèche s’élance, la flèche vibre, et elle tombe, comme le dernier rayon du soleil, de l’autre côté du monde, fichée dans le cou du traitre décapité.