Interview Anne-Cécile Makosso-Akendengué pour Ceci n'est pas l'Afrique

Publié le 02 juin 2010 par Flash-News

Anne-Cécile Makosso-Akendengué vient de faire paraître Ceci n'est pas l'Afrique, un livre passionnant sur son vécu au Gabon, elle a bien voulu accepter de répondre à quelques questions pour Flash-News.

 

 

 

 

Anne-Cécile bonjour, tout d’abord avant d’aller dans votre récit, première question, est-ce vraiment un récit ou un ressenti ?

C’est un récit à la première personne, et cette première personne n’est pas neutre bien sûr. C’est moi, et j’exprime aussi ce que je ressentais, sans pour autant me confier intimement.

Vous avez vécu au Gabon pendant de nombreuses années, comment c’est passé la transition de vie en France à celle de vie au Gabon ?

Il n’y a pas eu de transition à proprement parler puisque j’ai été plongé dans le réel et le quotidien gabonais pour ainsi dire du jour au lendemain. Mon avantage a été d’y avoir été fort bien préparé par mon mari. Comme je le dis dans mon ouvrage, j’ai pu reconnaître les membres de la famille grâce aux albums feuilletés en France !

Et je rebondis sur ma précédente question, comment avez vous appréhendé le chemin inverse 20 ans plus tard ?

C’était un retour voulu, donc j’ai supporté ce qui devait l’être !

Quand vous étiez au Gabon, que vous manquait t’il de la France ?

France-Musique ! Donc, pour abréger, une certaine ambiance culturelle, quoique le Gabon ne soit pas un désert… Cinémas, bibliothèque, concerts, tout cela a agrémenté ma vie là-bas.

Si vous ne deviez garder qu’un souvenir du Gabon, ce serait lequel ?

Ma liberté.

Vous êtes allé à Lambaréné, ville du docteur Schweitzer , qu’elle trace a t’il laissé dans la mémoire collective des habitants de ce pays ?

Une trace ambiguë ; variable selon les personnes et les régions. Mais n’est-ce pas le propre des fortes personnalités de laisser un débat s’entretenir des années après leur mort ?

La fracture entre la pauvreté est la richesse se fait elle autant ressentir que par exemple au Brésil ou en Sierra Léone ?

Je ne connais pas ces pays, mais je n’ai pas entendu parler de pays où il n’y a aucune fracture. Ce qui cependant est remarquable c’est la fragilité de la frontière. L’ascenseur social peut descendre aussi vite qu’il monte.

Pourquoi avoir attendu plusieurs années avant de nous « offrir » ce livre ?

D’abord, pour écrire, j’attends d’en avoir envie. Je ne veux pas me forcer. Et puis le recul évite parfois des erreurs, trop de passion.

Comment la jeunesse voit elle, ou voyait elle son avenir ?

Plus que d’une jeunesse, je parlerai de jeunesses. Ces jeunes voient certainement différemment leur avenir selon leur milieu, leur niveau d’études, leurs croyances aussi.

Aimeriez-vous y repartir vivre ?

Non… mais un petit week-end, pourquoi pas !

Qu’elle est pour vous la différence majeure entre la vie en Europe et la vie en Afrique ?

C’est d’une différence complètement subjective dont je vous parlerai : on ne peut pas sentir la vie de la même façon selon que l’on est chez soi où dans un pays étranger. Pour moi donc, la vie au Gabon était celle qu’une Française, Gabonaise d’adoption. Ici, je suis Française et le degré d’intérêt et d’investissement affectif est différent. Ni pire ni meilleur : différent.

Pour terminer, avez vous une priorité à défendre auprès des internautes qui liront cette interview ?

Je défends, et défendrai longtemps j’espère, la curiosité, et la lecture qui la sert.

Merci d’avoir répondu si franchement à mes questions.

Ceci n'est pas l'Afrique

Anne-Cécile Makosso-Akendengué

Editions l'Harmattan

Collection Graveurs de mémoire

Lien interview pour « Mathilde et son pianiste »