Connected : Mariage non consumé

Publié le 01 juin 2010 par Diana
Si vous désirez voir un film hollywoodien avec des acteurs asiatiques, Connected / Bo Chi Tung Wah (2008) est pour vous. Benny Chan réalise un remake du film américain Cellular, chose rare pour ne pas le souligner. Les états-uniens se sont fait une spécialité pour combler leur manque d’imagination en allant acheter les droits des films de leurs voisins-outre-atlantique comme outre-pacifique, nous avons ici un contre-exemple.
Grace Wong, une jeune femme se fait enlever par un groupe d’hommes qui recherchent son frère. Elle parvient à appeler un jeune homme, Bob qui va tenter de l’aider. Il demande l’aide de Fai, un policier en moto. Tout ne se passe pas comme prévu…
Connected s’est le produit d’une alliance existante depuis ces dernières années entre les capitaux chinois et le savoir-faire hongkongais. Et du coup, cette alliance, cette interdépendance est synonyme d’une remise en cause de l’intégrité de l’artiste HK. Il n’y a rien de nouveau à cela, on sait ce que représente le marché chinois depuis son émergence capitalistique. Pourquoi les choses seraient différentes cinématographiquement ? Les hongkongais l’ont compris. Ils l’ont tellement assimilés qu’ils produisent des films qui portent de moins en moins leur marque de fabrique et Connected en est un bel exemple.
Benny Chan est un cinéaste avec un savoir-faire indéniable bien qu’il divise. Big Bullet (1996) ou bien encore New Police Story (2004) sont des exemples frappants de son talent. On aime ou on n’aime pas pourtant il sait mettre en scène des films d’actions avec tout ce que cela comporte : suspense, tension… Avec Connected, il réalise un thriller efficace, il n’y a rien à redire là-dessus mais un « mais » subsiste à la vue du film. Ce « mais » nous interpelle sur le film et sa conception. On croirait voir débarquer Hollywood à HK et c’est peu dire.
Si le cinéma sud-coréen est un fer de lance d’un cinéma américain en mode asiatique (Shiri, Tube, Taeguki et j’en passe), il apportait tout de même ce petit quelque chose qui faisait la différence. Ici, Connected se montre comme un film bien ordonné sous tout rapport avec ses scènes qui se suivent tantôt posées, tantôt mouvementées. Une question se pose alors… plutôt une tripotée. Où est ce petit truc HK qui nous fera sauter de nos sièges ? Ce petit truc qui nous dit, oui ! C’est du HK pur et dur ? Où se trouve l’audace, le jouissif ? Cette façon de faire différente ? Nous n’avons hélas qu’un film d’une linéarité frustrante lorsque le pitch donnait à voir.
Connected n’est pas à jeter loin de là. Il joue son rôle qui est de nous tenir en haleine. Il est avant tout conventionnel, il plaira au comité de censure chinois. La violence n’est pas crue, pas de sexe, pas de scène tendancieuse, c’est plat et acceptable pour se voir sortir dans nombre de salle chinoise. Des films comme cela, il y en a toute une flopée qui sort tous les ans. Il en faut pour tout les goûts, n’est-ce pas ? Cependant si HK s’en met à en faire dans cette même mouvance, celle de ne pas faire de vague alors c’est triste. Côté acteurs (-trices), il y a du chinois (-e) continental et du made in HK, le cast marqueté pour un film qui l’est tout autant. On regrettera seulement de ne pas avoir vu plus à l’écran Ankie Black, trop vite expédiée.
Connected c’est Barbie Hsu (Chine) et Louis Ko (HK), le rapprochement entre deux anciens frères ennemis depuis la rétrocession. Le grand frère qui a accueilli le cadet après une longue séparation. Le business comme moteur de réconciliation. Un mariage non consumé en somme. On appréciera le générique final véritable clip (ou pub) pour une célèbre marque de téléphone mobile utilisé tout du long, lorsque ce n’est pas une pleine cargaison de soda pétillant qui explose et nous rappelle inévitablement cet opus de James Bond et son eau pétillante, ah, financement lorsque tu nous tiens… vive le cinéma commercial ! What else ?
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