Kétala

Publié le 01 juin 2010 par Sebulon
Kétala - Fatou Diome
Éditions Flammarion (2006)
Le Kétala, c'est le partage des biens d'un défunt qui a lieu une semaine après le décès. Mémoria est morte, ses proches ont inventorié ses meubles et ses affaires personnelles. Tous ces objets savent donc qu'ils vont être définitivement dispersés entre les membres de la famille. Ils décident alors, sous l'impulsion de Masque, de consacrer les quelques nuits et jours qui leur restent à passer ensemble à reconstituer l'existence de Mémoria en racontant ce qu'ils ont vécu avec elle. Ainsi, les évocations de Masque, Canapé, Table, Oreiller, Montre et autres objets nous la font découvrir, de l'enfance heureuse et insouciante aux désillusions de la femme mariée, de l'exil en France au retour au pays.
J'avais beaucoup aimé "Le ventre de l'Atlantique" de Fatou Diome. Pour le Safari littéraire proposé par Tiphanya, j'ai été tentée par ce "Kétala" et ces objets familiers de la défunte qui prennent la parole pour évoquer leur amie disparue. Cette histoire s'appuie à la fois sur les traditions africaines et sur les réalités de l'Afrique d'aujourd'hui. Mémoria, contrainte d'accepter un mariage arrangé par ses parents, suit son mari lorsqu'il émigre en France et se trouve confrontée à la précarité et à la maladie.
J'ai été un peu déçue par cette lecture car je n'y ai pas trouvé la poésie et la magie que j'attendais. La prise de parole des meubles et des objets commence un peu à la manière d'un conte mais très vite, le style se banalise et l'histoire aussi. Et puis, les catastrophes qui s'abattent sur Mémoria et la voie qu'elle choisit pour gagner son indépendance m'ont semblé trop caricaturales.
C'est dommage, il y a beaucoup de bonnes choses dans ce livre mais je trouve que l'auteur a réduit la force qu'aurait pu avoir cette histoire en voulant traiter trop de thèmes différents en seulement 277 pages.
Un extrait : (p.16)
Les chaises se perchèrent sur la pointe de leurs pieds, les fauteuils se penchèrent, le grille-pain ouvrit sa bouche édentée, la table se rapprocha à quatre pattes, l'ordinateur ne fut plus qu'un oeil figé, à l'écoute. Chacun manifesta son inquiétude à sa façon, mais tous partageaient la même impatience et témoignaient à la porte une attention toute particulière. Heureuse d'une telle qualité d'audience, Porte lâcha l'information comme on libère un papillon. La nouvelle virevolta dans la pièce et se propagea par échos dans tous les recoins de l'appartement :
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