A l'occasion de sa participation à l'émission "dimanche +" sur Canal Plus, le nouveau ministre du budget, François Baaaroin a affirmé que le maintien de la retraite à 60 ans serait :
«une erreur presque fatale (...) à s'accrocher un peu comme un rat sur un sac de grains... (...) un principe passéiste».
Cette violence verbale et ce mépris contre la retraite à 60 ans nous ont choqué, mais beaucoup moins que l'objectif avoué de sa politique de rigueur : le maintien de la note AAA !
Baaaroin a déclaré:
« L’objectif du maintien de la note AAA est un objectif qui est tendu et qui est un objectif qui conditionne pour partie, en effet, les politiques d’économie que l’on souhaite avoir (...) Nous devons maintenir notre AAA (...) d’où l’idée de la révision constitutionnelle, pour bien montrer que c’est pas simplement un coup pour rien pour faire plaisir à des marchés, mais vraiment une nouvelle inflexion, une nouvelle tendance, une nouvelle discipline budgétaire française ».[1]
La volonté de conserver la note AAA apparait a priori comme logique et raisonnable.
Or, lesdites agences sont à la fois juges et parties... L'attribution des notes s'effectue selon des critères étrangers à l'intérêt général et dans des conditions contestables qui profitent aux clients de ces agences de notation, en particulier à quelques spéculateurs :
- des critères abscons, opaques et contestables,
- des conditions d'attribution unilatérales, arbitraires et donc incontrôlables.
Le bilan des agences de notation est lamentable !
Pour mémoire, Standard & Poor’s attribuait à la banque Lehman Brothers la note AAA quelques jours avant sa chute. Les agences avaient noté AAA la fameuse Enron, 4 jours avant sa faillite. La plupart des actifs toxiques des subprimes étaient notés AAA. [2]
Dans ces conditions, on mesure l'absurdité de conditionner l'ensemble de la politique d'un pays à la conservation de la note AAA. C'est un acte de soumission aux marchés financiers.
La réforme mettant un terme à la retraite à 60 ans participe, elle aussi, à cette soumission aux marchés financiers, à l'UE, au FMI, et en fin de compte à l'idéologie néo-libérale.
Même constat pour la réforme constitutionnelle qui réduira considérablement l'action de l'État et les choix politiques du citoyen.[3]
L'intervention de Baaaroin confirme d'une part que la loi des marchés financiers s'impose au détriment des droits sociaux et démocratiques... et d'autre part que le gouvernement français tremble devant les agences de notation comme ceux de la Grèce, l'Espagne, l'Irlande, le Portugal...
Ne parlons pas de la "moralisation" du capitalisme et de la régulation du monde de la finance vantées par les Obama, Sarkozy, Merkel ou DSK...[4]
Contentons-nous de déguster !
Notes
[1] extrait de l'émission sur Canal+
[2] SoBiz, le business expliqué à ta sœur : cinq bides pour 2010, épisode 5 : après Goldman Sachs, Standard & Poor’s
[3] des pas perdus : le pire est devant nous
[4] Le Figaro : DSK : «La reprise viendra des Etats-Unis début 2010»