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Femme au bord de la crise de nerfs

Par Borokoff

A propos de Copie conforme d’Abbas Kiarostami 3 out of 5 stars

Femme au bord de la crise de nerfs

A Lucignano, en Toscane, la rencontre entre James, un écrivain quinquagénaire et une Française un peu plus jeune, installée en Italie depuis 5 ans. James vient de sortir un livre sur les rapports entre la copie et l’original dans l’Art et Elle tient une galerie d’Art près de Florence…

Fidèle à ses préceptes de mise en scène, la rigueur de ses plans fixes, Kiarostami a cette fois délocalisé sa caméra pour filmer un couple (mais surtout une femme) en crise après 15 ans de mariage. Le début de Copie conforme est assez déstabilisant lorsque l’on découvre au bout d’une demi-heure qu’en fait, James (William Shimell, un chanteur d’opéra dont c’est le premier grand rôle au cinéma) et la galeriste (Juliette Binoche) sont mariés depuis 15 ans ! Auparavant, ils se parlaient comme deux inconnus seulement intrigués voire attirés l’un par l’un l’autre. Et Elle ressentait surtout de la gêne et de la fascination pour cet intellectuel.

Le film, dans ce côté théâtre de l’absurde (on pense au couple des Martin dans La Cantatrice chauve de Ionesco) est assez séduisant, grâce à une excellente Juliette Binoche notamment. La scène filmée en plan fixe depuis l’extérieur dans la voiture au début de Copie conforme évoque un procédé similaire à celui vu dans Ten. Ce qu’il y de remarquable chez Kiarostami, c’est l’apparente « simplicité » du dispositif filmique : un plan fixe, en général frontal sur les personnages, permet de focaliser l’attention sur les acteurs. De se concentrer sur leur jeu.

On sent comme de l’improvisation dans les dialogues de Binoche qui parfois bégaye, ou même reprend ses mots. Qu’importe. Ce qui semble compter le plus pour Kiarostami, qui semble avoir gardé, à chaque scène, l’une des premières prises, c’est la spontanéité des acteurs et des dialogues. Cela donne un film épuré, sobre mais exigent dans sa mise en scène et qui se déroule pratiquement dans le temps réel de l’action (un couple filmé le temps d’un après midi en Toscane).

Mais de quoi parle Copie conforme au juste ? D’un couple en crise au bout de X années de mariage. James est souvent absent. Elle trouve qu’il ne la regarde plus, qu’il ne l’aime plus même. Elle lui reproche de ne penser qu’à lui et à sa carrière. D’oublier leur fils même le jour de son anniversaire. Pas le temps pour lui d’en placer une. Les accusations fusent comme une avalanche de ressentiments trop longtemps étouffés. Stoïque, James encaisse.

Il a un air doux et bon. Compatissant. Pourtant, on n’aimerait pas être à sa place dans ce sale quart d’heure qu’il passe. James voudrait s’excuser mais la plupart du temps, ne trouve rien à dire. La déception. C’est le sentiment qui ressort chez cette femme. Il ne se souvient même plus des détails de leur lune de miel. Dans Copie conforme, les hommes en prennent pour leur grade. Leur égoïsme exacerbé est montré du doigt. Comme un manquement à tout. Il y a presque un côté moralisateur chez Kiarostami. On pense, en tout cas, dans cette crise de couple et ce beau portrait de femme à bout, à La notte d’Antonioni. Mais les hommes ne pensent qu’à eux, c’est bien connu…

www.youtube.com/watch?v=NPZ3iHfDTGQ


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