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La vie l’emportera

Par Borokoff

A propos de Aisheen de Nicolas Wadimoff 4 out of 5 stars

La vie l’emportera

Au lendemain de l’« Opération Plomb durci » (décembre 2008-janvier 2009), menée par l’armée israélienne à Gaza et qui a tué 1 315 Palestiniens dont plus de 400 enfants, Nicolas Wadimoff, sur une proposition de la chaîne télévisée Al Jazeera Children Channel, est parti filmer des Palestiniens vivant parmi les décombres de Gaza, juste après les bombardements…

Le parti-pris d’Aisheen (« toujours vivant en arabe »), filmé dans l’immédiate après-guerre, est de suivre plusieurs habitants de Gaza dans leur quotidien et de voir comment la vie se ré-organise pour eux après la tragédie. Les images de Gaza dévasté impressionnent au début du film. La ville n’est plus que ruines. Chaque habitant connait quelqu’un qui a été tué dans les bombardements.

La caméra suit tour à tour un groupe de forains, des pêcheurs, des enfants dans une école, une famille dont la mère a été tuée par une bombe, du personnel travaillant dans un zoo, un groupe de hip-hop, etc… Tout « un groupe de personnes qui partage, certes, les même conditions de vie, mais dont chaque membre est « incarné », dixit le réalisateur.

Deux sentiments dominent en regardant Aisheen. D’abord, c’est la vie qui doit toujours l’’emporter pour les habitants de Gaza. Au cœur de leurs préoccupations. Cette volonté de simplement « vivre en paix » va aussi contre un stéréotype qui voudrait que chaque Gazaoui soit un moudjahidin en puissance. Un terroriste ou un martyr. A part deux jeunes qui appellent à la « guerre sainte » pour lutter contre l’oppresseur, la plupart des Gazaouis ne rêvent que de paix et de calme.

Mais comment serait-ce possible quand leurs droits sont si limités ? Une maitresse d’école demande intelligemment à quoi cela sert « que les Palestiniens de Gaza aient gagné en taille géographique ce qu’ils ont perdu en dimension intellectuelle ».

L’autre impression laissée par Gaza, constamment sous la menace des bombes et couverte par les raids aériens, est que les Gazaouis vivent dans la peur et n’ont aucun droit, littéralement emmurés dans une enclave aux allures de ghetto misérable traversé par les tunnels d’approvisionnement creusés entre l’Egypte et Gaza.

Comment survivre dans cette prison, dans la tension et la menace permanentes ? Comment vouloir encore vivre même ? Filmé depuis l’intérieur de la bande de Gaza où Wadimoff a eu l’autorisation pour un tournage de 14 jours et pas un plus (ce qui est peu pour un long-métrage), Aisheen est une chronique d’un réalisme saisissant,  édifiant même.

La grande qualité du film est de parvenir à rendre tangibles la peur, l’enfermement, l’exiguïté. A quel point les très nombreux habitants de Gaza sont confinés dans un espace restreint. Sans ressources, sans avenir. Mais avec l’espoir, synonyme de vie.

www.youtube.com/watch?v=AfnwgFQO3kU


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