Magazine Beaux Arts

La Fiac (tout de même)

Publié le 23 octobre 2007 par Anne Malherbe
La Fiac se termine aujourd'hui. Après de longues heures passées à arpenter les allées et les stands — et aussi quelques soirées pleines de beautiful people (le Showcase, le Bal Jaune, et puis aussi, paraît-il, le Paris Paris) — il est temps de faire un bref bilan.
Les galeristes sont contents, semble-t-il. Anne-Claudie Coric, directrice de la Galerie Templon, disait sa satisfaction, et soulignait le haut niveau du Grand Palais dont certains stands, selon elle, égalaient le niveau de la foire de Bâle.
Et il est vrai qu'on pouvait croiser, des Baselitz, des Lupertz, un splendide Kiefer, deux Neo Rauch (fait très rare à la Fiac), tout un stand Julian Opie chez Lisson (je vous l'avais dit, on n'y coupe pas, ni à Jason Martin, chez Ropac). (Ci-contre, un Lüpertz qui n'était pas celui de la Fiac).
J'ai passé de longues minutes à côté des rouages du somptueux Tinguely, au bruit apaisant de navire qui craque.
J'ai eu mes coups de coeur, tels les travaux graciles de Gaëlle Chautard chez Claudine Papillon, et les photographies retouchées de de Nedko Solakov chez Estrany de la Mota.
Il y a eu les découvertes: les peintures de Guillaume Bresson à la galerie Lacen (à Slick), composées comme des grands tableaux d'histoire du XVIIe et/ou des Caravage, mais avec des sujets contemporains.
Il y a eu aussi quelques énervements, telle la grande peinture de Jean-Luc Blanc chez Art:Concept (une peinture sans risque, dont on a l'impression d'avoir déjà vu des kilomètres).
(La peinture ci-contre n'était pas celle qui était exposée, mais cela donne une idée).
Il y a les oeuvres que tout le monde se dispute: ainsi les dessins et sculptures de Thomas Lerooy chez Rodolphe Janssen .
Il y a aussi celles devant lesquelles tout le monde s'arrêtait: le bonhomme dont les larmes étaient de véritables bocaux à poissons (les poissons étaient vivants!) , de Gabriele Picco, chez Francesca Minimi (dommage, je n'ai pas d'image).
Ainsi que l'impressionnante installation de Mounir Fatmi à la Galerie B.A.N.K.: un trône/chaise électrique fait d'un assemblage de cassettes vierges, dont les bandes se répandaient au sol , et placé dans un espace tapissé par le même objet. Ci-dessous, une autre installation de l'artiste, avec des cassettes VHS.
Mais il se trouve qu'hier, à la fin de la journée, j'étais à une vente aux enchères. Et là, j'ai eu une espèce de révélation désolée: à part quelques belles exceptions, beaucoup d'oeuvres, hors de la fièvre acheteuse de la foire et hors des murs solennels de la galerie, arboraient un côté vieux jouet poussiéreux dont on ne veut plus.
Loin de l'effervescence de la Fiac, l'aspect gadget et tendance des oeuvres apparaît clairement, surtout quand il s'agit d'oeuvres où l'on sent que l'artiste a voulu à tout prix faire quelque chose de complexe, quelque chose d'"intéressant", quelque chose qui plaise, qui rencontre des sujets actuels, etc.
Il suffit de jeter un oeil sur quelques catalogues de la Fiac (ou autre foire) des années précédentes pour se rendre compte à quelle vitesse passent certaines tendances (et à quel point aussi certains artistes, sous couvert de nouveauté, reprennent des éléments d'oeuvres d'il y a 15 ans tombées dans l'oubli).
A trop vouloir faire ceci ou cela, il me semble qu'on passe à côté de l'essentiel de la création: celle-ci n'a pas besoin nécessairement de thèmes compliqués, ou d'installations et de médiums inédits; elle passe avant tout, je crois, par une descente intérieure, une intensité (et une maîtrise technique, certes). Un effort vers la simplicité et l'essentiel, en somme.
NB: Pour un autre perçu détaillé de la Fiac, on peut aller chez Lunettes Rouges,
... et pour la mauvaise humeur (toujours à propos de la Fiac), il faut aller chez Stéphane!!

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