Nos petites causeries nous ont déjà familiarisés avec les instincts « de base » des pigeons : propriété pour le mâle, fidélité pour la femelle. Bien entendu, et passons sur la question, ils ont les mêmes instincts «alimentaires» que la plupart des autres animaux domestiques, ce qui permet pas mal de choses lorsque l'on sait jouer sur la gourmandise ou simplement sur l'appétit. Et il est excellent pour l'éleveur d'en user, afin d'obtenir de ses élèves le maximum de familiarité, de confiance, voire d'affection.
Mais laissons pour un temps ces questions qui relèvent de la psychologie des animaux, pour en venir à des points plus pratiques.
Quels sont les modes d'élevage des pigeons ? On en connaît trois : en cage, en volière, en liberté. Et voyons sommairement leurs avantages et inconvénients réciproques.
L'élevage en cage tel qu’on le conçoit généralement, est celui qui se pratique le moins ; heureusement, car en l'espèce il ne s'agit guère d'une cage dorée, mais d'une grande caisse en bois, close par un grillage et nantie d'une petite porte sur le coté. Cet élevage est généralement pratiqué par des gens qui croient aimer les pigeons, qui désirent en élever et n'en ont pas les moyens.
Le malheureux couple élevé en cage fait pitié à voir. Les oiseaux, privés non seulement de liberté mais du minimum de mouvements nécessaires à leur santé, périclitent rapidement faute de l'exercice indisperisable. Leur productivité ne dépasse guère deux ans. D'autre part, ils ne donnent aucune salisfaction spectaculaire car ils sont presque toujours sales parce que mal entretenus.
A tous égards, humanité, rapport, esthétique, l’elevage en cage est à déconseiller et il ne faut pas craindre de dire qu'il est indigne d'un véritable éleveur qui aime les pigeons.
L'élevage en volière, surtout si la volière est assez spacieuse, est le système qui convient le mieux à l'élevage d'amateur ; il est aussi le plus productif. Les pigeons, très à l'aise, vivent confortablement et sont en mesure de manifester toutes leurs qualités. Si l'élevage est bien conduit les pigeons en volière sont à l'abri de tous les accidents, et l'éleveur demeure toujours le maître de la situation. La production intensive d'un couple en volière est en moyenne de quatre ans, puis elle commence à décliner. Mais durant ces quatre années, le «rendement» annuel est très superieur à celui de l'élevage en cage ou en liberté. C'est en volière que l'on crée les beaux sujets qui font l'honneur de leur «créateur». Le seul reproche que l’on puisse faire à l'élevage en volière, est qu'il est plus onéreux, surtout en raison des frais de premier étabilssement.
L'élevage en liberté est fort agréable pour le pigeon qui vit alors a l'état de nature. Son développement normal y est complet et sa vitalité au maximum. C’est pourquoi, en liberté, il produit pleinement durant au moins six ans. Et son entretien est plus facile, ne serait‑ce que par la facilité de nettoyage.
Mais la production est réduite en raison des pertes constantes dues à des «accidents» de toutes sortes. D'autre part l'éleveur n'est a peu près jamais le maître de son élevage qui produit trop souvent à sa fantaisie. Enfin, il peut y avoir des petits ennuis avec les voisins si l’élevage n'est pas suffisamment isolé.