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4 – Les confréries, société secrètes de l’Islam
Autant qu’un traité mystique, le Coran est un code juridique et une doctrine politique. La tension dialectique est due à l’existence simultanée de deux voies de salut. La voie exotérique ou Shari-ah est suivie par le plus grand nombre. Elle conduit au paradis et constitue l’Islam officiel. La voie ésotérique ou Haqiqah est réservée à un petit nombre de prédestinés qui subissent une initiation sévère. Le Haqiqah conduit à la Connaissance, à l’union mystique avec Allah. Les confréries sont simultanément des sociétés secrètes, des écoles initiatiques et des creusets politiques. Elles agissent dans l’ombre. Ce sont elles qui font les dictateurs et les dirigeants des partis politiques. Les membres des confréries se nomment Mourid ou Foqara ou Khouan. Ils passent par une série d’épreuves physiques, psychiques, spirituels, connus sous la dénomination de Dhikr. Le Khouan pratique deux sortes de prières : les individuelles, qui doivent être exécutées en plus des prières canoniques. Les réunions collectives et secrètes s’appellent les Hadrat. Des centaines de Foqara entourent le Cheikh, ses Khalifah et ses Moqqademim qui dirigent la répétition du Dhikr en commun. Les petites Hadrats, réunions de quelques dizaines de Foqara dans une Kouba (chapelle), ou dans le patio de la maison d’un Foqan aisé, se font en cercle, selon la tradition chadelite adoptée par les Derkaoua et les Alaouiya. Le Moqadem qui préside n’est pas au milieu mais confondu avec les assistants. Il dirige le Dhikr en balançant modérément la tête. La confrérie des Alaouyias a été fondée vers 1920. Elle est parfois tenue en suspicion par les autres confréries qui lui reprochent son mysticisme émotif et ses accointances avec des infidèles. Pourtant, le Dhikr y prend parfois un caractère hallucinant. Les Foqara s’excitent et dansent, ils écoutent des vers mystiques et poussent des cris de joie. En Iran, les chiites pratiquent des suicides collectifs pour devenir des martyrs et être accueillis au paradis. En Syrie, les Ansariehs constituent une société secrète où l’on monte de grade en grade par une série d’initiations, de plus en plus sévères. Ceux qui possèdent la doctrine dans sa plénitude se nomment les Akkals. Les épouses Ansariehs sont admises parmi les Akkals. Tous obéissent aveuglément à un Ancien, le Moqqadem qui a droit de vie et de mort sur ses coreligionnaires. Pourtant celui-ci s’incline, quand il la rencontre, devant une vierge consacrée, la Kadra du village. A chaque pleine lune, de nuit, les Akkas s’entassent dans le Khaloué (temple) où ils psalmodient les sourates de leur Livre sacré et aussi vocifèrent des invocations pieuses, variations sur le nom d’Allah. Chacun apporte une chandelle. Ils font cercle, hommes et femmes réunis, le Moqqadem au centre et debout. Ils balancent le buste d’avant en arrière, hallucinant et scandant : « Allah ! Allah »! C’est ce qu’ils nomment l’Imara. Pour les Ansarichs, l’année commence à l’équinoxe du printemps ou plus exactement la nuit où Vénus se lèvre à l’horizon. Tous les Akkals se pressent devant le Khaloué. Ils tournent autour du monument en psalmodiant dans une ronde frénétique, la tête renversée en arrière. A l’apparition de Vénus, le Moqqadem interrompt la circumambulation et commande qu’on pénètre dans le temple. La Kadra les y attend, elle est nue. Elle incarnera la Déesse-mère. Chacun s’incline devant elle. On éteint les luminaires. Les mots sacrés sont hurlés tandis que se noue une ronde mixte. Le Moqqadem prononce un mot de passe et les Akkals se jettent à terre et restent immobiles. Ensuite, les Ansariehs arrachent leurs vêtements, se dénudent complètement et s’accouplent furieusement au hasard, sans respecter l’âge, la parenté ou le sexe. La Kadra appartient d’abord au Moqqadem mais ensuite elle se jette dans la mêlée qui dure jusqu’à l’aube. Les enfants qui naissent de ces étreintes anonymes sont admis à la dignité d’Akkals. Le reste de l’année, les Ansariehs sont de moeurs austères. L’adultère de la femme est puni de mort et les sodomites risquent la lapidation. Dans les confréries, le Khouan est soumis au Cheikh mais cette soumission passive comporte une heureuse contrepartie : l’initié est assuré de l’aide de tous ses frères spirituels, en n’importe quelle circonstance de sa vie. Le riche nourrit le pauvre, le fonctionnaire « pistonne » son subordonné, le gendre est choisi parmi les affiliés. Comme tous les membres de n’importe quelle société secrète, les Khouan se reconnaissent grâce à des mots de passe et des signes secrets. La confrérie dispose de la puissance psychologique ou psychique mais aussi de la richesse. Ce trésor provient de droits d’initiation, de la Saddaka, ou dîme, versée deux fois par an et proportionnée aux ressources de chacun et enfin de la Ziara, contribution volontaire que des envoyés spéciaux vont chercher à domicile.
5 Les Mau-Mau du Kenya
La population du Kenya est composite. La principale ethnie est celle des Kikuyus d’origine bantoue. C’est parmi eux, qu’en 1903, des missionnaires écossais ont recueilli un enfant abandonné. Il s’appelle Kaman. Il est baptisé sous le prénom de John. Il n’est pas encore majeur qu’il s’inscrit à la kikuyu central association qui lutte contre le colonisateur. En 1928, il fonde le 1er journal de langue kikuyue, le Muiguithania dont le programme est : « Chassons les Blancs du Kenya ». Il adopte le nom de Jomo Kenyatta qui signifie « Flèche de feu ». Jomo devient l’élève de l’ethnologue Malinowski. A Londres, il loge dans un taudis de Camden-Town où il tient des réunions secrètes à caractère magique. En 1936, il fait la connaissance de chinois initiés à la Triade. En 1938, il publie Facing Mount Kenya, livre qui connaît un succès mondial. En 1942, il rejoint le Kenya où il épouse Edna Grace Clarke, une professeur de littérature. Jomo anime la Pan Africa Federation qui défend les intérêts des Noirs. Jomo instruit ses compatriotes et crée un réseau de Kikuyu Independant Schools. Jomo est devenu le Grand Sorcier d’une secte occultes des kikuyus. En 1952, les Blancs du Kenya sont attaqués et tués. C’est la guerre. Les rebelles se groupent en une Afrika Freedom Armee. Les Mau-Mau sont une société secrète kikuyue. Son but est de chasser les Blancs du Kenya. Les membres doivent prêter serment puis sont enfermés, en pleine nuit, dans une hutte isolée, dans une clairière. On leur enlève tous les métaux qu’ils portent sur eux puis de leurs vêtements ou objets d’origine européenne. Alors on leur donne un pagne en écorce d’arbre. Ils sont conduits dans une seconde hutte où se trouvent sept dignitaires Mau-Mau, reconnaissables à leurs coiffure de cornes de bélier et à leur sceptre fait d’une queue de taureau. On les fait ramper sous une arche de feuillage où sont suspendus des crânes de bouc. Le sacrificateur, qui dégoutte de sang, pose sur la tête des impétrants un rukonaro (couronne d’herbes magiques) et leur pose des bracelets de lianes. Dans la main gauche, ils reçoivent une poignée de terre mêlée de sang et d’excréments. Le chef place du sang d’une chèvre fraîchement égorgée dans une fleur de bananier servant de coupe. Il en oint sept partie du corps des impétrants. Avec une baguette, on les frappe sur le torse et les yeux. On leur fait boire un breuvage qui leur ôte toute douleur. Ils avalent une boulette puante. Alors ils prêtent serment tiennent par les cornes un crâne de bouc. Ils tombent ensuite dans un profond sommeil. A mesure que le néophyte mau-mau donne des preuves tangibles de son zèle à la cause de l’indépendance, il pénètre plus avant dans les arcanes de la secte et subit de nouvelles initiations de plus en plus sévères. En 1952, le Kenya est en état de siège et Jomo est jugé. Il déclare n’avoir aucune affinité avec les Mau-Mau mais ilest condamné à sept ans de travaux forcés. Le Kenya devient indépendant en 1963. En 1964, Jomo Kenyatta devint 1er ministre du Kenya.
Conclusion
Mariel affirme que les sociétés secrètes mènent le monde et ont été, de tout temps, un des plus puissants ressorts de l’histoire. Pour lui, les sociétés secrètes sont comme le Diable; leur suprême ruse est de faire croire qu’elles n’existent pas, ou au moins que leur action est infime. Elles tiennent la finance et les universités, elles contrôlent les media. Innombrables sont les postes émetteurs privés ou clandestins qui diffusent des mots d’ordre provenant de sociétés secrètes de cadres. Les sociétés secrètes se placent par-delà le Bien et le Mal, car elles obéissent toutes à une direction unique. Il existe des Supérieurs Inconnus qui sont les chefs d’orchestre de cet ensemble, où chaque société secrète est un instrument dociles, bien accordé.