Saint-Maurice, Jura.
Parce qu’il n’a jamais voyagé (en dehors d’une escapade en Norvège, il y a bien longtemps, pour voir comment les spécialistes du Grand Nord construisaient leurs chalets de bois), le vieux menuisier, à 80 ans passés, décide de construire une roulotte.
L’oeil est toujours malicieux, mais le souffle est un peu plus court, les jambes moins sures. Il avance appuyé sur un bâton lors de ses promenades le long du chemin montant qui conduit aux prés communaux. Mais ses mains sont agiles et sa tête l’est aussi. L’école, il n’y est pas allé longtemps. Qu’importe! Il connaît tout de la planète. La géographie, c’est sa passion. Il voyage à travers les livres qu’il emprunte. Aujourd’hui au Niger, hier à Madagascar. Il se documente sérieusement. On peut parler avec lui de ces voyages immobiles et parfois, des voyageurs du bout du monde entrent dans son atelier…
Des amies du voisinage viennent de temps en temps peindre une frise, un volet. Mais lorsque tout sera terminé, extérieur, intérieur, lorsque l’attelage sera prêt, quel chemin empruntera la roulotte du vieux menuisier? Celui qui descend jusqu’à Clairvaux-les-Lacs ? Celui qui monte à Prénovel , ou celui, bien plus tard, qui se rit de l’espace et s’en va dans le temps?
Photos de G. Serrière:
1- André Grenard devant sa roulotte
2- Des visiteurs venus de Chine entrent dans l’atelier
3- Le chemin des communaux qui s’en va dans le temps