Une bonne et grande théorie ne doit pas être simplement juste, englober et expliquer un grand nombre de phénomènes, être parfois élégante, mais elle doit également être spectaculaire, avoir une dimension de fantastique, voire de science fiction. Ainsi peut-on comprendre le succès de la relativité qui outre la révolution proprement scientifique qu’elle opéra, comportait une dimension de rêve avec le paradoxe des jumeaux, la magie des trous noirs, les horloges ne battant pas le même temps, la possibilité de remonter ce temps, l’idée que nous recevons la lumière d’astres déjà morts, des lignes parallèles qui n’en sont plus et bien d’autres découvertes fantastiques.
En physique quantique, le spectaculaire réside dans ses attentats à la raison commune : remise en cause du principe d’identité par la dualité onde/corpuscule, localisation multiple d’une particule, communication immédiate à distance dans l’intrication quantique, principe d’incertitude, particules virtuelles empruntant une énergie illimitée etc… Mais c’est en cosmologie que l’imagination se débride le plus avec les multiunivers, les particules exotiques, la densification infinie initiale de l’univers lors du big bang et bien d’autres créations souvent extraites de la mathématique.
Consécutivement, une simple description sèche du réel qui ne parlerait pas à l’imaginaire pourrait peut-être s'accepter mais ne comporterait pas cette dynamique du spectaculaire susceptible d’enflammer le quotidien des grandes masses.
Curieusement, la science aurait donc besoin de merveilleux pour se motiver, pour répondre à son attente de nouveautés. Elle est également en attente du complexe, de l’inextricable et ne saurait se faire à l’idée que la vie, que l’univers, ne « serait que ça », que tout est tristement très simple, que la magie et l’exceptionnel ne sont pas, que les lois du monde sont bêtement répétitives et qu’on en aura bientôt fini, en découvrant les lois ultimes, avec le mystère et l’inconnu du devenir.
Dés lors, une théorie qui en finirait avec le rêve et le merveilleux, aurait-elle la moindre chance de se propager ?