Posté par lediazec le 1 juin 2010
Les retraites, voilà un sujet déjà bouclé qui fait jaser, mais sans plus. Le pays semble résigné. On lui a tellement dit que l'argent s'est envolé avec les cendres du volcan islandais !
La rue grouille, mais ne flambe pas. Elle attend gentiment le prochain rendez-vous électoral. Puis, les vacances approchent. Camping oblige ! On se passera en boucle le dernier volet du film éponyme.
Le patronat voulait jouer les prolongations et demande avec force un allongement de l'âge de la retraite à 63 ans, 63 ans et demi. Bien que tout ne soit pas arrêté - ça discute encore dans les coins -, les carottes sont cuites. Le syndicalisme est moribond. La révolution sociale attendra. Il n'y a que le capital qui voyage bien. Le syndicat est devenu une sorte d'agence d'enregistrement de doléances. Tout se règle en coulisse. Pendant ce temps, l'indigent cherche l'épicerie qui lui fera crédit pour boucler son mois. Sarkozy remercie ses sponsors, leur offrant ce qu'ils exigeaient. Qui paye ses dettes s'enrichit, dit le proverbe. Une façon de penser à son avenir immédiat, 2012.
En déroulant le tapis rouge à l'extrémisme libéral - pour justifier un acte anti-social -, il s'en prend à un mort, François Mitterrand en l'occurrence. Encore une bourde calculée ! Ne pas tenir sa langue est sa doctrine politique.
Pour faire diversion donc, il s'en va déclarer que cette histoire de retraite à 60 ans c'est la faute de feu Mitterrand. Jadis c'était la faute à Voltaire ou bien à Rousseau… Il innove dans le ridicule.
Si Mitterrand n'avait pas abaissé l'âge de la retraite à 60 ans nous aurions « beaucoup moins de problèmes aujourd'hui », qu'il dit. Il a sorti ça devant des militants de l'UMP dans l'Oise. Manque de bol bien à propos, le Figaro et le Parisien - deux brûlots, comme chacun sait - ont vendu la mèche, un élu UMP assistant au meeting confirmant le propos.
Des « propos indignes » s'indignent certains cadors. Cela n'est pas faux. C'est que le gars est bas de plafond, d'où sa stature politique ! Croyait-il, disant cela, que les français allaient, comme un seul homme, profaner la tombe de François Mitterrand ? Les français n'ont plus rien à foutre de Mitterrand, ce n'est plus lui qui gouverne le pays. C'est Sarko qui tient les commandes, c'est à lui d'y répondre sans se cacher. N'avait-il pas déclaré en 2008, à propos de la retraite, qu'il ne le ferait pas, puisqu'il n'en n'avait jamais parlé ?… Le poissons meurt toujours par la gueule !
Dans la foulée, Martine Aubry l'a comparé à Madoff. Qu'est-ce qu'elle n'a pas fait là ! Toute l'arrière-garde sarkozyste est montée au front., médias en tête. Quelle honte !… Mais quelle honte ! On oublierait presque que s'il y a quelqu'un qui fout la honte dans le paysage, c'est bien lui !
Pendant que tout le monde s'affairait sans grande conviction sur la manif des retraites, lui, faisant le beau, le triste, le vindicatif, enfonçait des portes ouvertes à l'occasion des obsèques quasi-nationales de la policière municipale tuée lors d'une fusillade à Villiers-sur Marne. Quelle qu'en soit la souffrance, l'émotion, la haine et le désespoir de la famille, des amis et du citoyen devant la mort de la jeune femme, il a joué avec la douleur comme un charognard.
L'opération camouflage s'est poursuivie avec Brice Hortefeux. Un taser pour chacun et les vaches seront bien gardées ! Très délicat, l'auvergnat. Une estampille ! Comme si lors d'une poursuite en voiture suivie d'une fusillade, le taser était le bouclier parfait contre des balles tirées à bonne distance ! Demandez ça aux convoyeurs de fonds marseillais !
Mais là n'est pas la question, ce qui compte se trouve ailleurs. Dans la vie quotidienne, dans l'abandon, dans l'angoisse, dans le mépris et dans l'incertitude. Dans l'augmentation du prix des matières premières, gaz, pétrole, impôts, taxes, gel des salaires, chômage, retraites…
Des questions mineures disent ceux qui n'ont pas ces soucis.
Ce qui compte dans ce concert d'obscénités, c'est la poudre aux yeux, la breloque, le faux semblant, le mensonge politique. Ce qui compte pour cette majorité sont les choses de peu d'importance, la burqa, l'identité nationale, l'insécurité et le démantèlement du service public, tout ce qui constitue un frein pour le bien-être collectif.
Ce qui compte c'est d'oublier par n'importe quel subterfuge de dénoncer la concentration des richesses entre les mains d'une infime minorité. Ce qui compte c'est de rassurer le riche, de lui montrer que le pouvoir en place est à ses ordres, qu'il fait tout ce qui est en son pouvoir pour les rassurer, les cajoler et les conforter dans l'idée que l'esclavage moderne n'est pas une donnée, mais un destin déjà scellé. Un fait inaltérable.
Quelle importance si le reste ne suit pas ?
Ce qui compte c'est de laisser les coudées franches au libéralisme sauvage et aux banksters. Pour cela Nicolas Sarkozy peut compter sur les séides de la pensée. Ces philosophes, ces économistes, ces spécialistes nantis qui ont pris le pouvoir et qui nous matraquent de la sinistrose à plein temps pour mieux faire passer l'inacceptable.