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Vivre à 300 km/h par Nadine Lajoie

Publié le 31 mai 2010 par Raymond Viger


Planificateur financier, pianiste, auteur-compositeur-interprête et investisseur immobilier

 

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« J’ai été malheureuse les 25 premières années de ma vie. On me demandait si j’allais bien et je répondais toujours non. J’ai dit ça pendant un quart de Siècle… » Nadine Lajoie pèse ses mots en arpentant l’avant du gymnase d’une polyvalente de la Rive-Sud montréalaise, où elle a été invité à donner une conférence. En face d’elle, des pupitres autour desquels sont assis des dizaines d’adolescents, soudainement silencieux devant tant de gravité. Nadine Lajoie poursuit : « Mais aujourd’hui, j’ai une passion dévorante pour la moto et une vie superbe. Je suis planificateur financier, pianiste, auteur-compositeur-interprête et investisseur immobilier. Vous vous demandez comment je fais tout ça? Laissez-moi vous expliquer mon cheminement.»

À l’adolescence, la devise de Nadine Lajoie était: «À 25 ans, ça passe ou ça casse». Déprimée, amère, la jeune femme entrevoyait avec peu d’enthousiasme la vie conforme et ennuyante qu’on lui proposait. Métro, boulot, dodo avec ses enfants… Le cycle sans fin de la vie adulte n’était pas encore amorcé qu’il lui pesait déjà. Ce n’était pourtant pas faute de talents: volleyeuse de haut niveau, musicienne douée, étudiante modèle, Nadine avait en apparence tout pour être heureuse. C’est d’ailleurs ce que sa mère et ses amis lui disaient lorsque l’adolescente parlait de ses idées noires. «Mais voyons Nadine, tu as tous les talents, tu n’as aucune raison d’être déprimée. Nous avons tous nos moments sombres, mais ça passe toujours…». Mais pour Nadine Lajoie, la déprime ne «passait» pas.

Un soir de mai en 1995, quelques jours avant qu’elle ne fête son quart de siècle, Nadine a décidé d’en finir. «J’étais assise et je pleurais, je pleurais… À la télévision, il y avait Jeannette veut savoir, animée par Jeannette Bertrand. On y parlait justement du suicide. L’animatrice nous conseillait d’appeler au moins une personne avant de passer à l’acte. Quelques heures plus tard, en pleine nuit, j’ai appelé ma mère.» Pour la première fois, raconte la conférencière, sa mère n’a pas tenté de la raisonner ou de minimiser sa souffrance. Elle l’a écoutée, tout simplement. «Rappelez-vous qu’il y aura toujours quelqu’un pour vous écouter, que ce soit votre mère, un ami, un professeur», explique Nadine à ses jeunes auditeurs. «S’il y a une seule chose à retenir de cette conférence c’est bien celle-là: la vie vaut la peine d’être vécue, même si elle est loin d’être facile.»

De Lajoie des Finances à Nadine Racing

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Si elle se permet maintenant de conseiller les autres, c’est que cette entrepreneure à succès – elle possède quatre entreprises, deux au Canada et deux aux États-Unis – sait de quoi elle parle. Arrivée à Montréal en 1995 après avoir quitté un emploi de secrétaire ennuyant et la belle région de Charlevoix, cette diplômée en actuariat a réussi, en moins de trois ans, à se bâtir une clientèle appréciable dans le domaine de la planification financière. Le tout sans famille ni contact en ville.

À force de travail acharné, Nadine a finalement réussi à créer une entreprise florissante, Lajoie des finances, qui ne lui demande presque plus de travail depuis qu’elle s’est trouvé un associé. Se la couler douce était pourtant hors de question pour cette boule d’énergie qui a profité de l’occasion pour réaliser un rêve qu’elle nourrissait depuis le début des années 2000. «J’ai toujours voulu une moto. Ma première, je ne l’ai eue qu’à 31 ans et, au début, je la conduisais sur la route. Après un an, j’étais déjà folle de vitesse et il était clair que j’étais faite pour la compétition.» En 2003, la motocycliste franchissait la ligne de départ d’une course de motos pour femmes organisée au Québec. Ce fut une révélation: pour sa première expérience, elle est parvenue à se hisser sur les marches du podium.

Quand elle a constaté que sa compagnie pouvait se passer d’elle pendant quelques mois, Nadine Lajoie n’a pas hésité. «J’avais une belle maison, une belle Mercedes. J’ai tout vendu en 2006 pour voyager seule pendant 4 mois en Winnebago dans le sud des États-Unis. Mes proches me disaient de ne pas le faire, que j’allais me faire violer ou arrêter par la police parce que je dormais dans des rues résidentielles.» Trois ans plus tard, Nadine sillonne toujours les routes états-uniennes, notant avec une précision chirurgicale chaque détail, chaque escale du trajet. Ses clients et ses amis peuvent ainsi suivre ses périples sur son site Internet.

Au fil de ses voyages, la jeune femme s’est bâti une solide réputation parmi les coureurs amateurs et elle est de plus en plus connue chez les adeptes de sports motorisés. En 2006, lors du Daytona Racing Week, l’un des événements le plus couru des motocyclistes américains, la belle blonde aux cheveux courts s’est classée troisième lors d’une course sur piste mouillée. Et ce, même si elle rivalisait avec une majorité d’hommes accompagnés de mécaniciens: elle se débrouillait seule pour changer ses pneus sous la pluie alors que ses concurrents étaient 4 ou 5 pour le faire.

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Avant de donner des conférences pour les jeunes, Nadine Lajoie racontait son histoire autour de feux de camp, ici et là, lors de ses périples aux États-Unis. Chaque fois, ses interlocuteurs fascinés lui recommandaient de transmettre ce message d’espoir et de persévérance à ceux qui en ont le plus besoin : les jeunes. L’idée a fait son chemin et elle s’est finalement lancée.

À sa grande surprise, les obstacles se sont toutefois avérés nombreux et le réseau scolaire difficile à intégrer. Pour une femme habituée à foncer et à obtenir des résultats rapides, la situation était décourageante. «Je n’arrive pas à y croire… Je veux aider, parler de mon expérience, de prévention du suicide et on ne me laisse pas le faire. Ça fait 2 ans et demi que je planche sur le projet et ça commence tout juste à se débloquer.» Les quelques conférences déjà données dans le cadre du cours Éthique et culture religieuse ont pourtant eu des effets très positifs sur les jeunes. Nadine s’émeut encore des commentaires recueillis après sa dernière présentation: «Je n’aurais jamais pensé que mes paroles aient un tel impact sur eux, c’est tellement satisfaisant.»

Beaucoup de bon sens, d’émotions sincères et surtout les chansons qu’elle interprète à la guitare font de Nadine Lajoie une conférencière particulière. Pianiste, guitariste et auteur-compositeur-interprète n’ayant jamais percé, Nadine a trouvé le terrain parfait pour exploiter ses talents musicaux. Lors de ses formations, on lui avait pourtant déconseillé de mêler musique et conférences, sous prétexte que spectacle et contenu ne faisaient pas bon ménage. «Mais je ne fais jamais rien comme les autres, alors je l’ai fait quand même. C’est avec la chanson que tu vas toucher l’âme, le cœur des gens. Je le vois dans les commentaires, les jeunes me demandent de chanter plus souvent.»

Son dernier projet: éduquer les jeunes aux saines finances à l’aide d’un jeu de société, Cashflow. Une mission qui s’inscrit parfaitement dans la volonté qu’a Nadine de donner autant qu’elle a reçu. «Les finances et l’amour sont les deux domaines sur lesquels les jeunes sont les moins informés. Comme par hasard, ce sont aussi ceux qui causent le plus d’insatisfaction. Si je peux aider quelqu’un à être plus armé face à la vie, j’aurai réussi quelque chose d’important. C’est une grande chance que j’ai!»

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