Love est un beau roman qui raconte l’amour de tout un groupe de femmes pour un seul homme, Bill Cosey, mort depuis plus de vingt ans, dans les années 90, sur la côte est des Etats-Unis, et parce qu’elles aimaient cet homme à des titres divers, elles ont cru qu’elles se détestaient.Bill Cosey avait fait fortune en ouvrant un hôtel pour les Noirs américains fortunés. Généreux et charismatique, son histoire amoureuse fut très agitée. Son premier amour et sa première femme, Celestial, resta toujours pour lui inoubliable. Son fils mourut jeune et laissa sa femme May et sa fille Christine.à la charge de son père.Christine avait une grande amie d’enfance, Heed, très pauvre et illettrée comme toute sa famille. Elles étaient inséparables mais lorsque Heed eut onze ans, le grand-père de Christine en devint amoureux et l’épousa. Dès lors, elles devinrent les pires ennemies et lorsque bien plus tard, Bill Cosey mourut en laissant l’hôtel « à son enfant chéri » chacune se crut ainsi désignée et elles vécurent le reste de leur vie dans le même endroit à se déchirer et à se faire du mal. Autour d’elles gravitent bien d’autres personnages, des femmes encore et surtout, toutes sous le charme de cet homme, Vida, la servante et la dernière, Junior, en bottes et mini jupe, récupérée par Heed pour écrire un faux testament.A la fin du roman, toute cette tension, diffuse depuis le début, se concentre sur ces trois femmes dans le vieil hôtel délaissé et envahi par le sable et la mer en une scène digne des meilleurs thrillers et cette fin est une apothéose de sensations fortes et de renversements de situations. On se rapproche de la vérité si fluctuante jusque là. J’en suis encore sous le choc !"Lorque Bill Cosey est mort, cela faisait presque cinquante ans que je cuisinais pour lui, et les fleurs de ses funérailles étaient encore fraîches lorsque j'ai tourné le dos à ses femmes.""L'hôtel de Cosey était bien plus qu'un terrain de jeu; c'était une école, un refuge, où les gens pouvaient discuter de la mort qui planait dans les grandes villes, des meurtres commis dans le Mississipi et de ce qu'ils comptaient faire pour réagir autrement qu'en pleurant et en regardant fixement leurs enfants. Puis la musique commençait et venait les convaincre qu'ils pourraient toujours s'en sortir et survivre."Toni Morrisona reçulePrix Nobel de littérature en 1993Love de Toni Morrison(Christian Bourgois, 2004, 305 p)Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Anne Wicke