Au Malawi, après la condamnation aux travaux forcés de deux homosexuels qui avaient organisé la première cérémonie symbolique de "mariage" gay du pays, le Président a cédé aux pressions diplomatiques et gracié les deux condamnés.
Le Président Bingu Wa Mutharika a déclaré le 29 mai 2010, "Ces garçons ont commis un crime contre notre culture, notre religion et nos lois", faisant référence à la condamnation de Tiwonge Chimbalanga et Steven Monjeza, couple gay, pour violation de "l’ordre de la nature".
Il a poursuivi "Cependant, en tant que chef de l’État, je les gracie par le présent acte et demande donc leur libération immédiate sans conditions".
La décision du Président Bingu Wa Mutharika, auteur de propos homophobes fin avril, intervient après un entretien avec Ban
Ki-moon, le secrétaire général des Nations Unies qui a déclaré "Je salue cette décision très courageuse de gracier ces deux jeunes hommes gays".
Et il a aussi ajouté en parlant de la loi réprimant l’homosexualité "Ce code pénal dépassé (hérité de la colonisation britannique) devrait être révisé partout où il existe".
Suite à sa rencontre avec le secrétaire général des Nations Unies, le Président du Malawi a déclaré "Leur grâce leur a été accordée pour des raisons humanitaires".
Depuis la condamnation de Tiwonge Chimbalanga et Steven Monjeza à 14 ans de prison, le 20 mai, la communauté internationale multipliait les déclarations d’indignation et les demandes de libération.
Cette décision de justice avait en effet provoqué des appels pressants de l'ONU, de l'Union Européenne et des États-Unis au gouvernement du Malawi pour qu'il adopte une attitude moins intolérante à l'égard des homosexuels.
Le Malawi fait partie des 38 États africains pénalisant l'homosexualité, et la société civile, l'Église protestante et le conseil de l'ordre des avocats ont condamné cette pratique.
Navi Pillay, le Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'Homme avait donné le ton des réactions internationales en se disant "choquée et consternée par la sentence et les informations rapportées sur la façon dont Steven Monjeza et Tiwonge Chimbalanga ont été traités durant leur détention".
Catherine Ashton, la Haute représentante pour les Affaires étrangères avait également critiqué cette décision, au nom de l'Union Européenne.
Elle avait invité "le gouvernement du Malawi à respecter les obligations qui lui incombent en vertu du droit international relatif aux droits de l'Homme et à montrer qu'il est déterminé à promouvoir et protéger les droits de l'Homme de toutes les personnes quelle que soit leur orientation sexuelle".
La Grande-Bretagne et les États-Unis ont exprimé leur "grande déception".
Amnesty international a qualifié cette peine de "scandale" et réclamé leur libération.
Après la condamnation du jeune couple, les organisations de défense des droits de l'Homme au Malawi s'étaient dites indignées par cette décision, qui devrait être préjudiciable aux droits des minorités et à la lutte contre le sida.
Michel Kazatchkine, directeur du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et la malaria, a déclaré "Criminaliser les comportements sexuels amène les gens qui s'engagent dans une relation avec un individu du même sexe à la clandestinité".
La dernière réaction en date a été la lettre ouverte à Bingu Wa Mutharika que Sir Elton John a publiée le 29 mai dans le quotidien britannique The Guardian.
Elton John dont la fondation de lutte contre le VIH/sida s’investit dans le petit pays d’Afrique australe, écrit "Leur procès et leur condamnation sévère auront un impact périlleux sur nos efforts continus pour combattre le sida au Malawi et renversera peut-être les avancées accomplies".
Aux États-Unis, la Maison Blanche a déclaré suite à cette grâce "Ces personnes n'étaient pas des criminels et elles ne sont pas seules dans leur combat".
Elle a encore dit "Nous espérons que la grâce accordée par le président Mutharika marquera le début d'un nouveau dialogue qui reflétera la tolérance qui a traversé l'histoire du Malawi et un nouveau jour pour les droits des lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels au Malawi et à travers le monde".
Finalement, au Malawi, la pression internationale a montré son efficacité.
Seigneur, merci pour la liberté.