Pour un « Prix Bernard Madoff » du politicien français de l’année

Publié le 31 mai 2010 par Lecriducontribuable

Il est opportun que le nom de M. Bernard Madoff soit enfin prononcé dans le débat sur le financement en France de la retraite par répartition.

On sait que celui qui a pu être qualifié de plus grand escroc de tous les temps, comme les enquêteurs lui demandaient ce qui lui avait donné l’idée de financer les demandes de remboursements à ses fonds avec l’argent frais apporté par les nouveaux souscripteurs, aurait répondu, selon une source humoristique : « Le régime français de retraite par répartition ! »

Un tel système, dont le volume des engagements futurs comme celui des recettes immédiates dépendent de facteurs exogènes et étrangers à toute volonté individuelle, est intrinsèquement monstrueux.

Dans un système de retraites par répartition, le facteur démographique est déterminant.

Longtemps, il n’a posé aucun problème. Car quand l’âge légal de départ à la retraite est fixé à 65 ans (en 1941), la durée de vie moyenne est inférieure à cette limite (en particulier pour les hommes) ! Si bien que la retraite obligatoire par répartition, imposée par le régime de Vichy, avec le concours de quelques renégats de la CGT, ressemblait un peu, à l’époque, à un système de « tontine »: seules quelques exceptions survivantes percevaient réellement des droits à la retraite. Les autres – le plus grand nombre – étaient morts avant… Encore que, qui dit « tontine » dit en principe capitalisation (sauf pour les emprunts royaux, bien sur !).

Aujourd’hui, quand l’espérance de vie à la naissance approche de 80 ans, on peut dire qu’on est passé de l’escroquerie par tontine (inventée par l’Italien Mazarin) à l’escroquerie à la Madoff (inventée par un autre Italien, Charles Ponzi…).

Si, au lieu de la réformette que le gouvernement Fillon nous prépare, on voulait bien réfléchir à une réforme durable du financement des retraites, on commencerait par donner la préférence à un système qui fonctionne aussi indépendamment que possible de l’évolution démographique. Car, si l’on peut prévoir, à peu près, hors catastrophe ou épidémie, les évolutions de populations à 10 ou 20 ans, on ne le peut pas à 50 ou 100 ans.

Or, de tous les systèmes de financement des retraites, la répartition  est le seul à dépendre principalement de la démographie. Les autres dépendent de l’évolution économique, dont la démographie n’est qu’un des éléments.

La capitalisation est la seule alternative à la répartition. Mais il en existe toutes sortes de variantes : collective ou individuelle, obligatoire ou facultative. La mutualisation pouvant se faire à un niveau ou un autre, par exemple la profession ou l’entreprise, comme avec les « fonds de pension ». Et l’obligation pouvant porter sur tout ou partie des droits et des charges correspondantes.

Finalerment, replacé sur le terrain de la capitalisation, le financement de la retraite ne serait rien d’autre qu’une question d’épargne, libre ou contrainte, fiscalisée ou défiscalisée, garantie ou non.

Je sais bien que la répartition permet une large redistribution. Mais rien n’empêcherait d’en faire autant avec la capitalisation. Par exemple en application du principe communiste « de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins ». C’est d’ailleurs ainsi que fonctionne, pour une part, dans beaucoup de pays, la capitalisation. Avec la répartition, la redistribution s’effectue forcément entre les générations. Avec la capitalisation, la redistribution s’effectue éventuellement entre les catégories sociales.

Avec la capitalisation, toutes les variantes sont possibles, du plan le plus individuel (épargne libre) au plus collectif (pensions égales pour tous, voire réservées aux plus pauvres).

Avec la répartition, sans provision, on est sur le terrain de l’escroquerie, avec garantie de l’État.

Dans ces conditions, nos dirigeants feraient mieux de se préoccuper du passage d’un système à l’autre (réflexion parfaitement menée par Jacques Garello et Georges Lane dans leur livre Futur des retraites et retraites du futur.

En citant Bernard Madoff, Martine Aubry a évidemment voulu offenser Nicolas Sarkozy. Mais savait-elle que c’était le principe même de la retraite par répartition qu’elle insultait ?

Nonobstant qu’il s’agisse certainement d’un acte manqué, et malgré les égards dus à notre président de la République, il convient donc de féliciter Madame la première secrétaire du Parti socialiste pour cette attaque en forme d’aveu.

C’est pourquoi je propose que, chaque année, un « Prix Bernard Madoff » soit désormais attribué aux plus méritants de nos politiciens, c’est-à-dire aux plus zélés dans l’ordre de la redistribution financière et sociale. Ceux qui rançonnent le mieux les générations à venir…

À lire aussi, l’article de René Foulon, membre du Réseau LHC : « Martine Balsamo versus Nicolas Madoff ».