Auteur : Marie Le Gall
Éditeur : Phebus
Auteur :
Marie Le Gall est née en 1955 à Brest. Elle est professeure de lettres à Fontainebleau. La Peine du Menuisier est son premier roman.
Résumé :
«J'étais la fille du Menuisier, je le savais. Jeanne, malgré sa folie, était plus normale que moi, côté
filiation. Elle le nommait. Pas moi. Nous n'avions pas de mots l'un pour l'autre. Notre lien était un long fil continu que personne ne pouvait voir. Aucun mot ne s'y accrochait comme le font les
notes sur une portée. Nous-mêmes en étions ignorants, seulement soupçonneux de sa présence tenace.»
Son père est une ombre solitaire, sa maison bruisse de silences et les murs de pierre suintent le mystère... La narratrice grandit dans une atmosphère lourde de non-dits. Pourquoi celui qu'elle
appelle le Menuisier est-il si lointain ? Pourquoi sa famille semble-t-elle perpétuellement en deuil ? Elle aimerait poser des questions, mais on est taiseux dans le Finistère. Livrée à ses
doutes et à ses intuitions, elle écoute les murmures, rassemble les bribes, tisse patiemment une histoire. Des années lui seront nécessaires pour percer le secret de son ascendance, mesurer
l'invisible fardeau dont elle a hérité.
D'une plume à la fois vibrante et pudique. Marie Le Gall décrypte l'échec d une relation père-fille et touche au coeur.
Mon avis :
Quelle étrange relation entre ce père "Le Menuisier" et sa plus jeune fille. Est-ce l'écart d'âge (plus de 50 ans) ou les difficultés liées à cette fille aînée, Jeanne, prise de crises de folie? Y-a-til d'autres secrets de famille qui rendent le père si taciturne, si absent? Il n'arrive pas à communiquer avec sa fille. Elle en a peur et refuse les plus petites opportunités de l'entendre.
L'atmosphère de ce livre est lourde et sinistre. L'auteur est obnubilée par la mort, par "ces encadrés", ces portraits de membres de la famille décédés jeunes ou tragiquement. La proximité du cimetière et l'ambiance bretonne avec l'évocation des "amaons" (âmes des trépassés) ajoutent une dimension morbide au récit .
Par contre, j'ai apprécié la nostalgie de la vie dans les petits villages et des habitudes des années soixante (landi, chocorêve, messe de minuit, le formica...).
L'auteur sait conserver l'intérêt du lecteur car Marie continue à chercher ce qui rend sa famille si ténébreuse. Elle va déterrer tous les secrets de famille mais elle et sa famille ne seront en paix tant qu'elle n'aura pas libéré une âme qui les tourmente.
Le style est sobre et pudique, la progression du livre est lente mais l'intérêt du lecteur est maintenu jusqu'à l'évocation du terrible secret familial.
Ce livre fait partie de la sélection 2010 du Prix des Lecteurs du télégramme.