Le réchauffement de la planète condamne les hommes à vivre dans quatre tours baptisées Afrique, Amérique, Asie et Pacifique, hautes de trente-six mille kilomètres, et qui s’élèvent jusqu’à l’orbite géostationnaire.
Du 10 000éme étage de la tour Afrique, Frank Poole, l’un des astronautes de Discovery, contemple ce monde étrange qui fut le sien et qui n’en finit pas de le surprendre. Il est vrai qu’il vient de renaître à la vie, après mille ans de dérive dans l’espace.
Désormais, Frank n’a qu’une idée : retrouver son ex-commandant Dave Bowman. Lequel a dû lui survivre lui aussi, puisqu’il a envoyé un message : un terrible danger menace l’Humanité…
Autant le premier volume est un classique du genre, autant tous les tomes qui ont suivi peuvent être évités et celui-là ne fait pas exception. En fait, je ne l’ai lu que parce-que je déteste laisser une histoire en plan… Mais pour autant je n’ai pas eu tort de me décider à terminer ce cycle.
Car on retrouve dans ce livre un Arthur C. Clarke au sommet de sa forme : celui de Rama ou de Terre, Planète Impériale, mais surtout celui de 2001, l’Odyssée de l’espace. Le sense of wonder (1) qui se dégage des prédictions techno-scientifiques de l’auteur nous ramène aux racines même du genre de la science-fiction, mais avec une maturité nouvelle et une objectivité quant à la nature humaine qui ne m’a pas laissé indifférent. Seul bémol : tout ça semble un poil trop optimiste tout de même…
J’aurais du mal à parler d’intrigue, ou même de personnages : ici, tous ces éléments littéraires pourraient chacun tenir sur quelques lignes, tout au plus une demi-page. Non, Clarke a simplement décidé de nous faire voyager dans le futur à travers l’anachronisme vivant qu’est Frank Poole et de nous donner ainsi sa vision, un peu trop sommaire à mon goût, d’un système solaire où l’Humanité a su s’adapter sans trop tirer la couverture à elle. Mais c’est aussi le moment que choisit la civilisation du Monolithe pour venir mettre son grain de sel : il fallait bien introduire un poil de suspense dans l’histoire et c’est une méthode comme une autre pour l’auteur de nous en apprendre un petit peu plus sur ce futur-là où les guerres ont disparu.
Un chapitre final un poil bateau mais qui s’inscrit bien dans la lignée du début de l’histoire et boucle ainsi la boucle, de manière appropriée mais sans plus. On en redemanderait presque tant le style et la clarté de l’auteur rendent agréable ce voyage dans le futur, mais pour ça il vaudrait mieux ouvrir un autre de ses bouquins : d’abord parce que l’auteur est récemment disparu, et ensuite parce qu’on sent bien qu’il n’y a plus grand-chose à dire sur ce sujet qui – de l’aveu même de Clarke – n’a grossi qu’en fonction des découvertes astronomiques.
(1) cette expression désigne en général le sentiment de vertige, ou ressenti du même ordre, qui saisit le lecteur face à l’exposition de certains faits techno-scientifiques qui bouleversent sa perception du réel et/ou sa compréhension du monde ; c’est un effet typique de la science-fiction. ↩
Note :
Ce roman est le chapitre final de l’Histoire du Futur entamée par Arthur C. Clarke et Santley Kubrick avec l’écriture du scénario de 2001, l’Odyssée de l’espace.
3001 L’Odyssée finale (3001: the Final Odyssey, 1997), Arthur C. Clarke
J’AI LU, collection Science-Fiction n° 5120, janvier 1999
320 pages, env. 7 €, ISBN : 2-290-31293-2
- d’autres avis : nooSFère, FredSFweb, Bibliotheca, Pitiland
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