Jack Bauer est depuis huit ans le chronomètre de la télévision américaine. Personnage mythique de la renaissance des séries télévisées, il a vu arriver et partir de nombreuses consoeurs, et restait solide comme un roc au milieu des adversités (dont une année sans diffusion). Mais les audiences s’effleurant au contraire de son budget grandissant, et voilà 24 (24 Heures Chrono en VF) nous quitter à son tour. La fin d’une époque, la fin d’un mythe.
Et pour sa dernière saison (annoncée, prévue, puisque Kiefer Sutherland n’avait signé que pour 8 saisons initialement), 24 tentait de nous sortir le grand jeu. Le côté pratique de 24 c’est sa formule, identique saison après saison, et dont la qualité se mesurait à quelques infimes détails. On peut dès lors faire un classement assez réaliste de chaque journée, selon son appréciation toute personnelle. Et en cela, la saison 7 avait été un bon cru. Là où la 8 sera un adieux sans mérites. Oui, Jack Bauer, personnage increvable et indécrottable du petit écran, en a vu passer des terroristes, des bombes et des tortures. Plus qu’un simple rouage de la série, notre Jack Bauer a nous était devenu le seul intérêt de reprendre chaque année la course effrénée de vingt quatre haletantes sans réels buts ni raisons. Après les premières saisons concepts, 24 était devenu un chewing gum trop mâché sans réelle cohérence. On s’en moquait éperdument, ce grand n’importe quoi tournait autour de Jack. Donc on aimait.
Et force est de constater que la 8e année n’est pas la meilleure. Catapulté à New York pour reprendre des forces, Jack est sorti du jeu, passant quelques heures paisibles en famille. Avant qu’un sommet de l’ONU, des terroristes nucléaires et Renée Walker viennent le sortir de là pour un nouveau run… Jouant la carte politique trop enfoncée, les scénaristes oublient que 24 se joue avant tout sur l’action, et le timing. La première moitié de saison est donc largement axée sur une pseudo mise en image de la réalité politique contemporaine. Passons, on a voulu se la jouer un peu trop pour la dernière fournée. On passe ensuite rapidement dans une marche en avant forcée (pour rattraper le temps perdu..) pour abattre les différentes cartes vers les dernières heures de Jack. Et c’est sombre. Les auteurs ne ménagent pas Jack, qui tombe le masque suite à l’assassinat de sa chère et tendre (après la seule scène du héros dans un lit en huit ans, fort). On savait Jack déterminé, le voici vengeur autonome, vigilant en cavale, poursuivant les commanditaires cachés dans une vaste conspiration internationale (on nous ressort même le pathétique Charles Logan! C’est dire). Et ça ira très loin. L’épisode 22 est tout simplement mythique, extrêmement rythmé et d’une noirceur sans précédent. Pour finir la saison, on nous sert un Jack jusqu’au boutiste, et le fan invétéré aime voir son héros sans pitié et expéditif.
Devenu une icône mythologique pour certains, Jack Bauer se voit offrir une fin relativement moyenne, répétant les derniers instants de la saison 3. Mais vu les actes commis dans les derniers épisodes, on aura du mal à le voir réintégrer la bonne société sans heurts. Jack Bauer, héros maudit, destiné à porter sur son dos tout le mal du monde… Difficile de savoir s’il y aura vraiment un film à suivre, mais on aura toujours une envie de voir la suite de ses aventures, tant les possibilités de le voir contrer une autre attaque terroriste serait plausible. Il y a des jours comme ça…