À l’issue d’une conférence qui a réuni l’ensemble des associations de réinsertion, celles-ci proposent des solutions pour réinsérer entre 220 000 et 350 000 personnes.
Le « SAMU social » existe. Des structures d’accueil aussi. Mais même si elles doivent être augmentées, adaptées, diversifiées en accueil de jour, accueil de nuit, accueil temporaire… rien ne semble réellement fonctionner en termes de politique menée pour sortir les gens de la rue. Pourtant, des pays font mieux que nous. Au Danemark, aux Pays-Bas, en Irlande et au Royaume-Uni, des politiques de longue durée ont été mises en place. En France, « une politique mise en oeuvre pour sortir les gens de la rue n’existe pas, c’est une politique qui leur vient en aide », précise Jean-Marie Delarue, conseiller d’État. Or, pour mieux à la fois comprendre la réalité très diverse des personnes qui se retrouvent dans la rue et pour également permettre aux associations de se mettre d’accord, une conférence de consensus intitulée « Sortir de la rue » s’est tenue le 29 et le 30 novembre derniers et a rendu public ses recommandations hier matin.
lancer un débat public
« Aucune politique publique pérenne ne peut se construire dans la durée si elle n’est pas fondée sur un minimum de consensus des acteurs et de l’opinion publique », a précisé Nicole Maestracci, présidente du comité d’organisation de la conférence et présidente de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS). Depuis plusieurs mois, des représentants de l’État, des collectivités territoriales, du monde associatif (FNARS, Médecins du monde, Enfants de Don Quichotte…) et des chercheurs travaillent ensemble et souhaitent lancer un débat public. Les constats sont sévères : les dispositifs permettent de venir en aide ponctuellement à une personne sans abri, mais aucun plan ne permet une réinsertion définitive.
La crise du logement et le retard pris en terme de construction de logements très sociaux bloquent toute action politique cohérente. Ensuite, notre système actuel ne prend pas en compte la diversité des situations des gens qui vivent dans la rue. Le « clochard traditionnel » se fait rare, précise le rapport. Le travailleur pauvre, des familles mises à la rue, des jeunes en rupture familiale sont des cas beaucoup plus fréquents aujourd’hui. « Une action coordonnée, interministérielle est donc nécessaire afin de rendre lisible un dispositif totalement opaque actuellement pour les personnes concernées », selon Jean-Marie Delarue.
limiter les expulsions locatives
Construire des logements sociaux, se donner les moyens de limiter les expulsions locatives, réaliser un accueil « inconditionnel » des personnes sans abri, mettre en place des dispositifs adaptés au plus près des gens concernés, par exemple au niveau des communautés de commune ou « bassins de vie », telles sont les quelques bases à partir desquelles les associations souhaitent interpeller les politiques. « Quel est l’objectif d’une politique publique à l’égard des sans-abri ? Mettre simplement à l’abri en assurant le minimum vital ou proposer une insertion durable ? Quels sont les coûts sociaux et budgétaires que la société est prête à assumer, en termes de cohésion sociale, de santé publique ou de sécurité ? », interroge Nicole Maestracci. Souhaitons que ce rapport, ne reste pas, une fois de plus, lettre morte.
Maud Dugrand