Nicolas Pesquès a publié tout récemment La Face nord de Juliau, sept, aux éditions André Dimanche. Poezibao proposera sous peu une note de lecture de ce livre par Antoine Emaz.
IV
E/J1
« Sentier de jaune conduisant à un bois pourpre »
Comment a-t-elle pu m’écrire ça ? Un tel tunnel de vibration. Comment a-t-elle pu voir ça ? Avec des yeux qui cessent ce voir pour dire, des yeux submergés qui se taisent devant un manchon de chair. Il ne s’agit plus de regard et ce n’est que ça : « corps clairvoyant ».
...
changer de monde et retrouver le même
hâtif, inattentif,
à la merci du millimètre
l’étonnant retour du bois et de l’ancien
sous le heurtoir du jaune et du rose-Emily
chère Emily
***
elle est l’épouse de la séparation, elle en a éprouvé toute la force
unitive
de fiançailles et de déliaison
elle a donne une forme à cette puissance :
– le tiret –
rejet jointif
accélération de tout ce qu’elle aime à la folie du frôlement
du délaissement :
le jardin, le paysage
elle est la face nord et je lui réponds sous la hache
***
elle tire au ras puis elle barre
elle s’installe dans sa rature
entre deux tirets : un surplace d’épervier
J7 sur la pointe des pieds
sanctionnant l’exprimé
supprimant pour dire
Nicolas Pesquès, La Face nord de Juliau, 7, André Dimanche éditeur, 2010, pp. 78, 100 et 101
1. NDLR : E comme Emily (Dickinson)
Nicolas Pesquès dans Poezibao :
lecture d’été au musée Zadkine (08), bio-bibliographie, extraits 1, La Face nord de Juliau, 6 (par A. Paoli), La Face Nord de Juliau, V (journal de lecture par F. Trocmé), ext. 2