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Mes yeux incrédules assistent au bal: valsent les egos sur la toile reflétée de miroirs d'alouettes !
Le vertige me prend d'assister à cette mascarade, où l'art consiste à tromper, histoire de faire monter l'écume…
Alors, ne reste que le silence, le savoureux silence.
*
Voir de loin ce cinéma que se font ceux qui se croient au sommet de l’art : si piètre comédien que seuls les médias adorent.
L’essentiel est tellement éloigné de toutes ces simagrées.
On s’agite dans le bocal : ça grenouille et ça s’auto-congratule.
Pas un regard ne se dépose sur ces heures printanières, ces douceurs lentement élaborées au cœur même de l’hiver.
Un bourgeon, le frêle pépiement d’une mésange qui vient d’en terminer avec la construction de son nid et appelle l’âme sœur : que sont nos grands gestes et nos intimes questionnements ?
*
Nous avons désappris à voir et à sentir.
Car il fallait nous plier au joug de la production effrénée.
Rien d’autre ne trouve grâce à nos yeux que notre propre œuvre. On se regarde le nombril en admirant sa prose.
Ailleurs la terre s’ébroue et vomit cendres et laves, sans doute écoeurée de toutes ces manigances.
Nous ne sommes rien : juste cette petite frange d’écume que la masse océanique veut bien déposer, entre deux grains de sable.
Nous avons cru un moment pouvoir nous en sortir. Et la terre dans sa bienveillance nous a laissé avec cette illusion.
Le bal serait fini que nous ne devrions pas en être étonnés.
Elle nous commande désormais de revenir à plus de modestie.
C’est un conseil, non un ordre. Nous sommes libres de l’entendre ou pas. Mais ne notre choix nos amours dépendent.
*
Je t’ai vue si fragile
Sous les nuées
Tu serrais ta petite jupe
Tentais en vain de préserver ton corsage
.
Dans un grondement sourd
Un front d’éclair et de d’eau
Vint porter outrage à tes ultimes résistances
.
Dans un silence complice
Quelques baleines plus loin
Nous avons ri de la mésaventure
.
Manosque, 18 avril 2010
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