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Voici la "chronique" de ce lundi 31 mai 2010 consacré à Dennis Hopper
Le titre pourra sembler facile, seulement voilà, il ne l'a jamais été, tranquille, Hopper. Je ne sais s'il aspirait à cela. Peut-être.
Pour moi, cet homme est - enfin : était - un survivant. Vivre soixante et quatorze années avec tout ce qu'il s'est infligé ... La question serait certainement : pourquoi ?
Je me dis qu'en regardant ses films, attentivement - je veux dire ceux (rares) qu'il a réalisés - et ses expositions (de peintures, de photographies) il n'est pas impossible de trouver un début de réponse. En tous les cas, on ne trouvera pas ce début dans ces titres-là, que j'ai pu lire dans nos quotidiens au lendemain de la mort de Dennis Hopper :
"L'enfant terrible" [Le Figaro"] L'icône de la contre-culture américaine" [Libération] "Le rebelle d'Hollywood" [Le Parisien] ..
Tant tout ceci est convenu, stéréotypé, quand ce n'est pas incroyablement (ou scandaleusement) fainéant.
Hopper est complexe. Voilà tout. La belle affaire, me direz-vous, car, qui ne l'est pas ? Oui, mais Hopper est un artiste. Un vrai. Mais d'un autre rivage ..
Car il n'est pas démocrate, comme Woody Allen et, au fond, tout Hollywood, mais républicain. Jusqu'à Obama .. Pour qui, il a voté.
Sûrement parce que John McCain, pour lui, c'était juste pas possible. Pas possible, car cet homme est un amoureux de l'Amérique. Vraiment. Et ça, nous, français, on ne peut pas comprendre.
Oui, Hopper, aime l'Amérique. Son pays. Et il ne l'épargne pas. Parce qu'il l'aime.
C'est marrant, je trouve, de voir tous ces intellectuels (ou pas) français (de gauche) vénérer Hopper, le républicain, l'homme de droite, pure, qu'a voté pour Bush père, et deux fois pour Bush fils.. C'est intéressant, non ?
Oui, ça rappelle (un peu) Clint Eastwood. Mais en France, ce genre de type, serait honni. Oh si ! .. Soyons honnête .. On adore Clint et Dennis, mais qu'il y ait un équivalent chez nous, et c'est non. En même temps, y a-t-il l'équivalent ?
Je ne crois pas ..
Or donc, Dennis Hopper est mort. Je ne vous ferais pas sa bio, non merci, d'autres l'on fait, puis-je, cependant, vous indiquer celle-ci.
Dennis Hopper est mort, et je suis triste, je l'aimais bien. Peut-être que ma gauche est étriquée, et sa droite tourmentée. Ma gauche est illusoire (ou morte) et sa droite terrible (mais si réelle). Peut-être qu'il aimait plus son pays que j'aime le mien.
Hopper, ce n'est pas la "contre-culture". Ni un "rebelle". C'est un homme qui est resté fidèle à son pays, à ses racines, et ce, quoi qu'il lui en coûte. Oui, un peu comme Clint. A la seule différence, que Clint Eastwood enfile les films (et ils sont beaux, pour la plupart) ce qui n'a pas été le cas de Hopper.
Dans cette interview en date du 11 avril 1981, réalisée par Antoine de Caunes pour l'émission "Chorus" (Antenne 2) Hopper vient présenter son troisième long-métrage. Seulement. Je dis seulement, car ses deux précédents ("Easy Rider" et "The Last Movie") remontent à 11 et 10 ans.
Hopper aura eu toujours du mal à réaliser des films. Il n'est pas comme Clint. Sa réputation est (trop) sulfureuse : drogue, alcool. Clint, lui, est clean.
Cela dit, si un jour, vous avez la chance de tomber sur "Colors" (1988), un conseil d'ami, ne ratez pas ça. C'est - à mon sens - bien plus fort que "Easy Rider". Déjà, dans "Colors" deux acteurs phénoménaux : Sean Penn (un Hopper de "gauche") et Robert Duvall (l'Hopper tranquille - mort aussi). Je crois, véritablement, que c'est LE film de Dennis Hopper.
Ce troisième long-métrage ("Out Of The Blue" référence à Neil Young ? - "La Garçonne" dans sa version française) est un film noir.
Une fille, perdue, avec un père alcoolique, une mère toxico, et comme de bien entendu, ça va mal finir.
Encore une fois, c'est une vision (une métaphore) de l'Amérique. Son côté obscur contre lequel, toute sa vie, aura lutté Hopper.
Pourquoi s'inflige-t-elle, ça, cette Amérique ?
Pourquoi Hopper l'aime-t-il tant ? (d'autant plus si "personne n'en réchappe" ..)
"Si la famille (américaine) s'effondre, le pays tombe avec elle" dit Hopper.
En France, une phrase pareille ferait presque horreur. On préfère Allen et ses mots d'esprit. C'est plus confortable. Hopper ne l'était pas. Confortable. Qu'il soit remercié de cela ..
Dennis Hopper "born to be wild" un 17 mai 1936 à Dodge City (Kansas) est mort samedi 29 mai 2010, chez lui, à Venice, en Californie. Il n'a jamais reçu le moindre Oscar, ni même un Golden Globes. Juste son "étoile" sur un boulevard d'Hollywood ...