Premier film de Cho Geun-shik, Conduct Zero/Pumhaeng zero (2002) est une comédie sud-coréenne qui prend place dans l’environnement scolaire des années 80 en particulier dans un lycée (garçon/fille). Bien plus qu’un teen movie, Conduct Zero marque par une certaine « originalité », une cassure dans un genre qui mêle l’éternel comédie et la romance. Le film est mené tambour battant par un Ryu Seung-beom déjà vu dans Arahan (2004) ou encore The Beast and the Beauty (2005) en grande forme dans le rôle de Joong-pil.
Joong-pil est un voyou, une terreur précédée d’une réputation de dur à cuir laquelle fait trembler l’ensemble de ses camarades. Il est autoproclamé roi du lycée Moonduk et vit de petite combine avec son acolyte. Sa légende d’invincible est telle que personne n’ose aller à son encontre. Il fait la loi jusqu’au jour où un certain Young-mahn débarque… en aparté, son pendant féminin, Na-young craque pour lui pourtant le jeune homme semble attirer par Choi Min-hee, une « intello » pas du tout dans le coup.
Conduct Zero pourrait être ce genre de film que l’on a un peu honte d’aimer. Et du coup, qu’on aurait un peu honte d’en parler sans se faire pourrir par un entourage peu enclin à ce type de film. Parler de Conduct Zero c’est aussi s’exprimer sur la comédie sud-coréenne telle qu’on la connaît depuis ces dernières années notamment avec le regain d’attention porté à son cinéma. Il est clair qu’aujourd’hui la comédie sud-coréenne souvent mélangée à d’autres genres est devenue d’une certaine manière très stéréotypée, autant sur la réalisation que sur le jeu d’acteur, et qu’elle est donc de nos jours peu audacieuse en terme d’originalité.
Où Conduct Zero pourrait se détacher de ce que l’on à pu voir jusqu’à aujourd’hui (c'est-à-dire en 2009), c’est grâce à son côté « n’importe quoi », cet aspect bordélique mais un bordel qui a du sens, un bordel extravagant avec des scènes sorties de nulle part. Je pense notamment à celle où Joong-pil joue au base-ball. Elle n’apporte rien, néanmoins il se passe quelque chose. Le film devient alors plus qu’une comédie emprunt de romance sur fond de rivalité entre gang (aussi bien de garçon que de fille). Dès lors Conduct Zero est une joyeuse surprise et découverte de surcroît à travers ces instants où le cinéaste Cho Geun-shik prend le temps, celui de faire vivre ses personnages sans les submergés de scènes incongrues et évitant le piège du sentimentalisme bon teint.
D'ailleurs, on ne verra jamais Joong-pil se battre durant le film si ce n’est à la fin, c’est un véritable vaut rien dont on comprend qu’il jouit d’une légende surfaite. Il vit sous le poids d’une réputation qui le conditionne et l’empêche d’être quelqu’un d’autre. Il est un cancre faisant preuve d’une autorité incontestable cependant il sait faire preuve de douceur et au-delà de son côté rustre on découvre un personnage touchant. La vrai tournure du film ne sera pas le parti pris du chaos via des affrontements entre lycéens mais celui de l’Amour avec un grand A. Un match que s’offre les deux personnages féminins antagonistes pour le cœur de notre protagoniste. Ici, l’auteur se permet d’extrapoler comme rarement des cinéastes ont pu se le permettre et c’est d’autant plus surprenant. On a le sentiment qu’il a joui d’une véritable liberté de création d’où un film peu académique.
Finalement, Conduct Zero c’est du divertissement éthéré avec des personnages attachants évoluant dans un univers qui retranscrit de la nostalgie de la part de son auteur, Cho Geun-shik. Surtout, le film va à l’encontre d’un scénario conventionnel et c’est tant mieux et réussi.
I.D.
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