Chronique du lundi 31 mai 2010.
Que faut-il garder de cette finale de Top14 version 2009-2010 ? La beauté d’un couronnement enfin atteint par les Clermontois ou la pauvreté d’un match gâché par des Catalans à côté de leurs pompes ? Un peu des 2 sûrement…
Clermont et ses 100 ans de solitude…
Il est évident que ce qu’il faut retenir de cette saison, c’est que, enfin, les Clermontois sont devenus champion de France. L’ironie de l’histoire, c’est qu’ils ont gagné leur premier titre national, la saison où ils ont le moins bien joué. Mais la logique de l’histoire, c’est qu’ils l’ont gagné la saison où ils ont été le plus déterminé. Les Auvergnats ont enfin compris que, lors d’une finale, c’est toujours l’équipe qui en veut le plus qui l’emporte. Et de détermination, ils en ont fait preuve en ce samedi, presque trop même quand on voit certains mauvais gestes qui auraient pu être beaucoup plus sanctionnés ( rucking bien près du visage, Morgan Parra qui prend à vide Jérôme Porical qui vient de taper une chandelle,… ). Heureusement pour eux, l’arbitrage a été généreux et c’est tant mieux pour le rugby français. Clermont est une référence de son histoire, un magnifique club avec un public exceptionnel, que tous ces gens soient remerciés pour leurs efforts et leur passion pour ce jeu ! Comme ce n’est pas le volcan,heureusement, qui allait se réveiller, il fallait bien que ce soit l’équipe de rugby qui mette le feu à la ville…
Mais il n’y avait pas que de la détermination dans le jeu Auvergnat, il y avait aussi des bases solides. La mêlée a tangué mais n’a jamais lâché face au monstre à 16 pattes Catalan. La touche a été admirable et a certainement fait basculer le titre en faveur des auvergnats. Cette phase de jeu, qui avait coûté si cher lors des finales précédentes, a enfin permis aux Clermontois d’avoir une base de lancement sûre, mieux même, puisqu’elle a longtemps privé les Perpignanais de ballons et a été à la base de la frustration qui les a vu si mauvais sur les rares balles d’attaque qu’ils ont voulu jouer. Bravo à Bonnaire pour l’ensemble de son oeuvre et à Lapandry qui a amené, cette saison, une solution supplémentaire et essentielle pour compléter une deuxième ligne qui ne possède pas de tour de contrôle en tant que tel.
L’autre base essentielle de cette victoire est, bien sûr, la charnière et sa capacité à gérer et à peser sur le match. Brock James a été parfait dans l’alternance jeu au pied, jeu au large et ballons portés dans la défense. Il a su toujours mettre le ballon là où c’était le plus gênant pour les Catalans. Il est même, par sa percée, à l’origine de l’essai de Nalaga. Morgan Parra a été à la fois le patron de l’équipe par sa détermination, et c’était essentiel pour une équipe comme Clermont si friable à ce niveau-là, et le buteur qui a rapidement permis à l’équipe de prendre le score et de toujours avoir une avance qui donnait de la confiance à tout le monde. C’était, là aussi, essentiel. Derrière ces 2 là, ça a été solide, Joubert et Rougerie ont contrôlé leurs adversaires, Nalaga a marqué un bel essai de 3ième ligne percutant qu’il est devenu cette saison et Anthony Floch a rappelé à Vern Cotter que sa vitesse et sa vista restent indispensables à l’équipe cette saison. Pas le meilleur cru de l’AS Clermont Auvergne version Cotter mais définitivement le plus déterminé à gagner le titre et c’est cela qui compte avant tout. L’été va être chaud à l’ombre des volcans d’Auvergne…
Perpignan bien loin de son niveau…
2 matchs en 5 semaines représente bien l’hérésie que j’avais dénoncée la semaine dernière. Je ne pensais même pas en écrivant mon blog que les erreurs du calendrier nous obligeraient à une si faible finale en termes de qualité de jeu. Mais on ne peut pas demander à une équipe, quelle quel soit, de proposer son meilleur rugby alors qu’elle a été mise sur la touche pendant autant de temps. Autant s’il est possible de garder une mêlée compétitive par le travail d’entraînement, autant cela devient plus aléatoire pour la touche où le moindre grain de sable peut venir gripper la précision. Et quand ce grain de sable s’appelle Bonnaire… Par contre pour les trois-quarts, ce n’est même pas la peine d’y penser. 5 semaines avec 1 seul match pour préparer une finale, c’est la garantie de perdre les timing d’intervention, la vitesse de transmission et de décision au coeur de la défense adverse. En rugby, il n’y a que la compétition qui permet à l’équipe de progresser ou, au moins, dans le cas de Perpignan, de rester à leur niveau. C’est une vérité qui, ce samedi, est allée au-delà du pire. Même si les Catalans se sont montrés puissant pendant 1 heure dans le défi physique, s’appuyant sur une épine dorsale Mas en mêlée, Tchalé-Watchou et Olibeau en défense, Tuilagi en percussion et Tonita au four et au moulin, le déroulé de la rencontre voyait leur jeu se déliter progressivement mais inéluctablement. Ca en devenait même caricatural dans les dernières 20 minutes. Les coups de pied ratés de Jérôme Porical ne faisant qu’accélérer la mise à mort.
Cette finale ratée devrait servir de leçon a la Ligue qui doit, dès à présent, démarrer une campagne de lobbying auprès de l’ERC pour faire avancer les phases finales de la Coupe d’Europe à début mai, au plus tard. Bien sûr, cela ne concernera pas la saison prochaine puisque les instances du rugby ont toujours voulu arrêter les dates des matchs des années à l’avance. Ce qui veut dire que, la saison prochaine, un club qui peut prétendre à la 1ère ou 2ème place au classement du Top14 et qui serait éliminé des demi-finales de la HCup ou du Bouclier Européen aurait intérêt à perdre ses derniers matchs de saison régulière pour terminer 3ième ou 4ième et s’assurer de jouer un match de barrage pour éviter, comme Perpignan cette saison, de passer 3 semaines sans rencontre puis 2 semaines avant, éventuellement, de jouer la finale. Ca parait une tactique risquée sur le papier mais, dans la réalité, elle ne l’est pas tellement que cela. Un barrage à domicile face à une équipe moins bonne reste un risque mesuré en tout cas beaucoup plus sûr que celui de jouer une finale en n’ayant disputé qu’une rencontre dans les 5 semaines qui précèdent !
Note d’humour pour conclure : Le rêve Landais.
Il paraît que, depuis hier soir, le champagne coule à flot du côté de Dax. Et oui, les Landais, autres grands malheureux des finales de championnat de France, se prennent à rêver après le sacre Clermontois, se disant que, eux aussi, doivent maintenant pouvoir le faire, que la malédiction des finales perdues n’était finalement qu’une invention de journalistes. Le léger point de détail qui, bien sûr, manque aux cerveaux Landais ( oxymore ), c’est que, dans le monde, il se vend beaucoup plus de pneus que de cures thermales. Dommage…