Je profite de la fin de la Fête de la Nature (22-23 mai 2010), manifestation largement consacrée à la biodiversité et je fais suite à la diffusion du documentaire « Le mystère de la disparition des abeilles » le 18 mai 2010, sur ARTE pour publier cet article qui se veut un complément à « biodiversité 2010 ».
(Si vous avez raté la diffusion du documentaire, il est accessible 7 jours sur le site d’ARTE et également disponible en DVD ou en VOD sur
http://www.arte.tv/fr/3166056.html )
Etat des lieux :
Depuis 2006, les apiculteurs européens et américains ont perdu pas moins de 30 à 80% de leur cheptel.
Sur ces 10 dernières années, 1 500 apiculteurs français ont définitivement abandonné leurs ruches dévastées.
La cause ?
Les abeilles tant sauvages que domestiques connaissent une mortalité sévère.
La peur ?
Ce phénomène est mondial et s’est répandu sur toute la planète.
On lui a trouvé un nom : le CCD (Colony Collapse Disorder) traduit par Syndrome d’Effondrement des Colonies.
Le phénomène est aussi incompréhensible qu’imparable : les ouvrières quittent définitivement les ruches, laissant les larves et la Reine, seules sur des cadres quasiment vidés de leurs habitantes. Les abeilles disparaissent purement et simplement sans que l’on comprenne ce qu’il advient d’elles. Volatilisées !
Or, il ne faut pas oublier que 80% des espèces de plantes à fleurs et des arbres fruitiers nécessitent l’intervention d’insectes pollinisateurs pour leur fécondation ce qui nécessite un nombre considérable d’individus.
Quelques pistes semblent aujourd’hui aiguiller les scientifiques vers les raisons de la disparition progressives des abeilles et vers la compréhension de la mortalité qui touchent les colonies établies :
- les insectes peinent à trouver des ressources alimentaires compatibles avec leur régime. Les cultures intensives et trop ciblées sur une poignée d’espèces végétales ne sont probablement pas étrangères à cette situation.
- Les ressources alimentaires disponibles sont contaminées par des pesticides (le Gaucho et le Régent ont été directement incriminés). Les abeilles sont des insectes sensibles à la pollution chimique.
- Des parasites et des prédateurs attaquent directement nos abeilles domestiques. Le varroa, un acarien, vampirise les insectes tandis que le frelon asiatique les dévore littéralement sur pied.
- Le nosema ceranae, un micro champignon, ronge les insectes ajoutant à leur tracas.
Cette liste est malheureusement non exhaustive. Il faudrait lui rajouter d’autres causes comme les virus tel celui qui provoque le syndrome de la paralysie aigue.
Intoxication progressive, attaques parasitaires et virales, prédation, les ingrédients se cumulent pour affaiblir les colonies qui finissent par ne plus être en mesure de faire face.
D’autant plus que le mal attaque les abeilles dès leur stade larvaire : la survie des abeilles est compromise dès le berceau - enfin, dès l’alvéole - de par leur alimentation et leur développement (nectar, miel, pollen, cire… contaminés par les polluants).
Un futur possible?
Cette situation très préoccupante frappe justement les esprits.
Après les scientifiques, les apiculteurs et les cultivateurs, le grand public semble prendre conscience que les insectes pollinisateurs sont de véritables sentinelles de l’état de notre environnement. Et les alarmes ont viré au rouge.