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Je sais que tu es juste de passage. Mais tu éveilles mon appétit pour l'addiction.
Et ça me gêne.
Les arbres de l'avidité et les épis de la fébrilité commencent à pousser dans la terre aride de ma nuit déserte.
Et ça me gêne.
Tu attises dans mon corps un frisson incandescent oublié.
Et ça me gêne.
Ne trempe pas ton fer chaud dans mon lac coi et serein.
Ne cours pas avec tes flambeaux dans ma foret quiète et silencieuse .
Ne submerge pas mes piliers salins par ton raz-de-marée échevelé.
Ne fais pas pleuvoir sur mes jours livides tes gouttes chatoyantes et exaltés .
Contente toi de passer sans extirper mes forteresses. Car, je sais très bien qu'un homme comme toi est en mesure de me laisser dispersée et déchiquetée. Comme une poignée de nuées transparentes sur la page bleue d'un ciel d'été.
Et ça me gêne.
Une fois, J'ai creusé un trou dans le flanc de la nuit et je t'ai enterré dedans. Ensuite, je t'ai arrosé d'oubli.
Mais tes murmures reviennent toujours. Pour se loger dans mon oreille comme le bourdonnement d'une légion d'abeilles voraces.
Et ça me gêne.