La notion de la vie privée est forcement subjective pour nous tous. Culturellement, le français a tendance à être plus scrupuleuse que l’Américain dans sa vie privée aussi bien dans un cadre professionnel que dans sa vie personnelle que dans le cadre du web. C’est normal, car en France, on ne fait pas des confidences à n’importe qui. L’amitié se mérite, dit-on. Mais, la question de la vie privée existe également en Amérique du Nord (voir, par exemple, QuitFacebookDay en dessous). En tout cas, le souci sur la vie privée et le rôle de l’anonymat prend de l’ampleur partout, et particulièrement en France.
Méfiance de la vie privé
Et ça se manifeste dans les craintes qu’ont les français vis-a-vis des réseaux sociaux. Dans un sondage publié par TNS Sofres pour Microsoft* la semaine dernière, 3 sur 4 français se disent inquiets de l’utilisation de leurs données personnelles qui peut être fait sur Internet. Pas sans étonnement, les femmes sont beaucoup plus méfiantes que les hommes (2/3 des bloggeurs sont des hommes, en tout cas, c’est le cas aux États-Unis). Dans l’ordre de méfiance, les français regardent avec le plus de suspicion les pirates informatiques (79%), entreprises (61%) et pouvoirs publics (53%). Cependant, ceux qui utilisent la toile le plus (les jeunes, entre 15 et 24 ans) sont les moins méfiants.
Mais, de façon générale, l’éducation de l’internaute Français progresse …
Les résultats de l’étude montrent que 48% des Français trouve qu’il est facile de maîtriser ses données personnelles diffusées sur Internet.
47 % des internautes Français ont déjà cherché leur nom sur un moteur de recherche (pas loin derrière les internautes Américains à 57%). 53% ont fait des recherches sur la toile sur leur entourage (drôle à penser qu’ils regardent plus les autres qu’eux-mêmes, non?)
57 % d’entre eux savent comment effacer leurs traces de navigations (cache, cookies) et encore 31% savent que c’est possible, même s’ils ne savent pas comment faire.
Alors, aujourd’hui, le 31 mai, 2010, c’est le jour attitré: “Le Jour pour Quitter Facebook” (quitfacebookday.com). Ils sont plus de 25,000 inscrits pour quitter Facebook avec encore 5,000 sur la page homonyme sur Facebook. Sur 400 millions (le nombre de membres sur Facebook), c’est encore un chiffre assez mineur. Par rapport à cette initiative, je serais curieux de savoir combien des 15 millions de Français actuellement enregistrés sur Facebook y sont inscrits (peut-être un peu dur de comparer car le site n’est que moyennement traduit en français). Est-ce que les français ont plus ou moins envie de quitter Facebook que les facebookers aux États-Unis? Après, il serait intéressant de suivre combien qui se sont inscrits vont véritablement le faire! Voici un site (wikihow) en anglais qui explique comment faire pour vous enlever définitivement de Facebook.
Nonobstant, la question de la vie privée est au centre du débat des utilisations des médias sociaux. D’un coté, les entreprises doivent savoir accepter ou rajouter de la personnalité (de la proximité, l’humilité et de l’émotion, i.e. le coté personnel) pour humaniser un coté beaucoup trop rigidement professionnel. De l’autre coté, les employés tout comme les consommateurs (avec leur propre e-réputation) doivent savoir jongler leur profil professionnel avec leur personnalité dans la vie réelle dans leur participation en ligne. Pour certains jeunes, il s’agit de bien comprendre la frontière entre la vie intime (”privée”) et la vie personnelle et, ainsi, bien définir sa personnalité publique. Et pour ce qui est des entreprises dans la mire, ex Facebook, Twitter et Google, ils doivent travailler avec prudence l’emprise des données privées avant que la marée noire se propage contre eux. Enfin, le dossier du droit de l’oubli numérique établi par NKM, la secrétaire d’État chargée de la Prospective et du Développement de l’économie numérique, reste de l’actualité. Cependant, autant les initiales de Nathalie Kusciusko-Morizet sont courtes et faciles à retenir, autant son titre est ridiculement long, de quoi à oublier son titre exacte en tout cas. Mais, est-ce que le droit de l’oubli va diminuer pour autant la méfiance du français et son envie de se lâcher dans le publique?
Qu’en pensez-vous? Êtes-vous inquiet de votre présence en ligne? Avez-vous envie de vous retirer de Facebook ou, au moins, diminuer votre participation?
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*Enquête réalisée par téléphone auprès d’un échantillon national de 1,200 personnes composé de 1000 Français de plus de 18 ans et 200 Français de 15 – 17 ans. (Avril 2010)